Les leaders de la Caricom ont invité plusieurs dizaines de représentants de structures politiques et sociales à se réunir pendant trois jours avec le premier ministre de facto, Ariel Henry, à la Jamaïque pour tenter de trouver un accord politique et résoudre la crise sévissant en Haïti depuis quelques années.
Sans vouloir mettre en doute la bonne foi des dirigeants de la Caraïbe dans l’épineux dossier d’Haïti, il est pourtant évident que cette nouvelle démarche ne se démarque aucunement du schéma traditionnel prôné et suivi par la communauté internationale dans ses actions prétendant apporter des solutions à une situation qui s’envenime chaque jour un peu plus.
Réunir quelques-uns des acteurs les plus bruyants dans un luxueux hôtel de Kingston pour à la clé les inciter à intégrer un pouvoir moribond, corrompu et inefficace pour la réalisation d’élections bidon ne pourra rien apporter de concret aux nombreux problèmes confrontés par une population terrorisée par les gangs armés, tenaillée par la faim et condamnée à la misère par d’impitoyables oligarques dont l’influence dépasse largement les 27 500 kilomètres carrés du pays.
Le vrai dialogue national doit prendre en compte la complexité de la situation et tabler sur la représentativité, la transparence, la légitimité et l’inclusion.
Pour un vrai dialogue inclusif, les facilitateurs doivent au préalable identifier les vrais protagonistes de la crise et cesser de faire appel à des personnages relais ne pouvant rien décider de par eux-mêmes. Il est indispensable d’obtenir l’engagement des principaux acteurs et parties prenantes clés du processus sur une participation constructive.
Les objectifs doivent être clairement définis et ne pas se cantonner simplement dans une perspective d’organisation d’élections à la va-vite, alors que ces tentatives ont toutes échoué depuis de nombreuses années.
Il s’agit de trouver et d’appliquer des solutions socio-économiques viables pour une résolution durable de la crise, en mettant le pays sur des rails solides avec des institutions fortes et crédibles pouvant retirer les haïtiens de leur quotidien infernal.
Des objectifs clairs aideront à orienter les discussions et à mesurer les progrès réalisés.
Les médiateurs doivent aider à structurer les discussions, à faciliter les échanges et à créer un environnement propice à un dialogue ouvert et respectueux.
Pour la crédibilité du processus et des résultats. un vrai dialogue inter-haïtien ne peut se tenir à l’étranger mais bien sur le territoire national, car il est impératif d’utiliser des méthodes participatives qui permettent à tous les participants d’exprimer leurs opinions, d’écouter activement les autres et de travailler ensemble à la recherche de solutions.
De plus, à coté de la mise en place de séances plénières et de groupes de travail thématiques, les facilitateurs doivent prévoir des consultations publiques, des sondages et d’autres formes d’engagement participatif.
Un mécanisme de suivi et de mise en œuvre doit être adopté, pour ne pas répéter les précédentes expériences malheureuses
Les recommandations et les accords conclus lors du dialogue doivent être suivis de mesures concrètes et mises en œuvre de manière transparente. Un suivi régulier, la responsabilisation des parties prenantes et la communication continue sont nécessaires pour maintenir l’élan et s’assurer que les résultats du dialogue se traduisent par des actions concrètes.