Haïti connaît une montée en puissance de la « justice vigilante », alors que la violence des gangs explose
Mercredi 17 mai 2023
Les Haïtiens « se font justice eux-mêmes » avec une vague de vigilantisme qui risque d’aggraver les niveaux de violence déjà en hausse dans le pays, a averti une fonctionnaire des Nations unies.
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que des membres présumés de gangs haïtiens ont été tués et lynchés dans les rues dans le cadre de la récente montée de la « justice vigilante ».
« Nous assistons à un cycle de violence qui ne montre aucun signe de fin », a déclaré M. Shamdasani lors d’une interview accordée à Al Jazeera cette semaine. « C’est
incroyablement inquiétant.
« Les gens vivent dans un scénario cauchemardesque et il y a très peu d’espoir, alors ils se font justice eux-mêmes, ce qui, bien sûr, ne va pas les aider à long terme.
M. Shamdasani a ajouté que près de 1 500 meurtres liés à des gangs ont été signalés entre le 1er janvier et la fin du mois d’avril, 49 autres ayant eu lieu entre le 10 et le 15 mai. « C’est une situation qui s’apparente à un conflit armé », a-t-elle déclaré.
La violence généralisée des gangs sévit en Haïti depuis près de deux ans, les groupes armés se disputant le contrôle du pays après l’assassinat du président Jovenel Moise en juillet 2021, qui a créé une vacance du pouvoir.
Le dirigeant de facto d’Haïti, le Premier ministre Ariel Henry, que M. Moise avait choisi pour occuper ce poste quelques jours avant son assassinat, est confronté à une crise de légitimité,
et les tentatives d’organiser une transition politique pour Haïti ont également échoué.
La violence a entravé l’accès aux établissements de santé, forcé la fermeture d’écoles et de cliniques, et aggravé l’insécurité alimentaire déjà désastreuse en coupant les habitants des zones contrôlées par les gangs des produits de première nécessité.
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a averti ce mois-ci que plus de 115 600 enfants haïtiens devraient souffrir en 2023 de « malnutrition aiguë sévère », également connue sous le nom d’ »émaciation sévère », en raison de l’instabilité.