Port-au-Prince, brûlée, incendiée, pillée ; la résilience et la résignation dansent en un sombre ballet, accueillant les successeurs de la MINUSTHA.
Le débarquement imminent de troupes kenyanes en Haïti, dans le cadre d’une intervention, laisse-t-on croire, visant à renforcer la stabilité dans ce pays des Caraïbes en proie à la violence des gangs terroristes, suscite une série d’interrogations complexes sur la nature du nouveau pouvoir mis en place à Port-au-Prince. Déclenchée par une demande officielle du Conseil Présidentiel de Transition, comme seul et unique acte posé par celui-ci depuis son intronisation, cette intervention pointe du doigt les problèmes persistants de gouvernance et de maintien de l’ordre auxquels est confrontée la nation haïtienne.
Au cœur de cette situation se trouve la résolution 2699 du Conseil de sécurité, initialement considérée comme nulle et non avenue après le départ de l’homme qui, unilatéralement, n’avait aucune autorité légitime pour s’engager dans cette voie. Cependant, l’accord de réciprocité qui a suivi, encore frappé d’illégalité et d’inconstitutionnalité, a réactivé les dispositions de cette résolution, générant une controverse sur sa légitimité et son application dans un contexte de remise en cause de la souveraineté du pays.
L’observation la plus frappante de cette période de turbulence est le silence affiché par les gangs, qui se sont curieusement tus au moment où les avions militaires américains affluaient en Haïti, transportant du matériel d’appui pour l’établissement d’une base militaire. Cette apparente cessation des hostilités de la part des gangs, autrefois opposés à tout déploiement étranger, interroge sur la nature réelle de leurs motivations et leur mission de destruction de Port-au-Prince et de ses infrastructures.
La concentration de l’activité militaire autour de l’aéroport international, y compris l’atterrissage de plusieurs avions militaires, avec des matériels d’infrastructures imposants crée un contraste frappant avec le déguerpissement des gangs dans la région. Cette observation conteste les récits antérieurs selon lesquels les gangs agissaient comme des acteurs indépendants, opposés à toute intervention étrangère.
En revanche, la théorie selon laquelle ces groupes pourraient être engagés dans des missions commandées, et qu’ils restent silencieux une fois leur mission accomplie, mériterait une attention particulière dans l’analyse de la dynamique du pouvoir en Haïti.
Alors que les avions militaires américains vrombissaient, les gangs terroristes ont réduit leurs activités armées dans la zone de l’aéroport, démontrant ainsi les limites de leur mission. Ils érigent un mur de silence, s’éloignant de la construction d’une base militaire. Port-au-Prince, brûlée, incendiée, pillée ; la résilience et la résignation dansent en un sombre ballet, accueillant subtilement les successeurs de la MINUSTHA.