Au Liban, le parti des Forces libanaises, formation de la droite chrétienne, a rassemblé des milliers de partisans à l’occasion des funérailles, vendredi 12 avril dans la ville de Jbeil, de l’un de ses cadres, Pascal Sleiman, tué il y a quelques jours. L’armée libanaise affirme qu’il s’agit d’un crime crapuleux commis par des Syriens, le parti des Forces libanaises parle « d’assassinat politique » et accuse implicitement le Hezbollah. Le meurtre a fait remonter les tensions entre communautés et contre les réfugiés syriens. Au sein de la base populaire, les appels à l’autodéfense se multiplient.
Dans la foule présente aux funérailles de Pascal Sleiman, à Jbeil au Liban, de nombreux jeunes et les drapeaux du parti des Forces libanaises foisonnent. Dans les conversations, la version de l’armée est mise en cause et les accusations contre le Hezbollah et ses armes sont légion.
« Notre souhait est que notre protection soit assurée par notre État et notre armée, nous explique Dib, militant des Forces libanaises. Mais nous en sommes au point où notre sécurité est en danger, nos enfants sont en danger. Nous devons nous défendre nous-mêmes. Je ne peux pas marcher dans la rue sans arme alors qu’un autre est armé. »
Une instrumentalisation des peurs de la minorité chrétienne ?
Sept Syriens sont accusés d’être impliqués dans le meurtre de Pascal Sleiman. Au cours des obsèques, le chef de l’Église maronite, Bechara Rai, a appelé à un règlement de la présence des réfugiés syriens, devenus, a-t-il dit, un « danger » pour les Libanais.
Un sentiment que partage Angie, une jeune partisane des Forces libanaises : « Nous avons peur qu’un Syrien vienne nous tuer ou nous voler. Je suis pour que chacun soit armé pour se protéger. Nous ne sommes pas contre les Syriens, certains sont de bonnes personnes, d’autres pas. Mais il n’y a pas de sécurité, on ne peut pas distinguer les uns des autres. Chacun doit se protéger. Il faut que des jeunes s’organisent pour nous protéger et se protéger eux-mêmes. »
Des appels à l’autodéfense dans un Liban en plein délitement, dont le parti des Forces libanaises rend le Hezbollah responsable. Les adversaires de la formation de Samir Geagea l’accusent, eux, d’instrumentaliser les peurs de la minorité chrétienne.