Chaque lundi, la FIFA met en lumière un record de la Coupe du Monde. Dans ce premier volet, retour sur l’histoire extraordinaire de l’homme qui a subi le plus grand nombre de fautes.
“Il n’y avait qu’un seul moyen d’arrêter Maradona : commettre une faute sur lui. Nous ne l’avons pas fait et nous avons été punis.”
Ces mots, c’est Claudio Taffarel qui les a prononcés à propos du Pibe de Oro alors que celui-ci venait d’offrir à Claudio Caniggia l’unique but en huitième de finale de la Coupe du Monde de la FIFA 1990™ après une superbe chevauchée à travers toute la défense du Brésil. À vrai dire, si Alemao est resté réglo face à son coéquipier napolitain, le tacle glissé de Dunga aurait arrêté net l’action de n’importe quel autre joueur. Mais pas de l’attaquant argentin.
“On avait dans l’idée de lui donner des coups ; le problème, c’est que c’était très difficile de le faire chuter “, avait pourtant prévenu Terry Butcher quatre ans plus tôt, avant le quart de finale de Mexique 86. Les Anglais ont tout tenté ce jour-là, mais Maradona a inscrit le But du siècle et a qualifié l’Argentine pour les demies.
“Notre premier problème, c’était qu’on ne pouvait même pas s’approcher de lui”, renchérit l’Écossais Graeme Souness, qui a affronté à plusieurs reprises Maradona en Serie A avec la Sampdoria. “Il était extrêmement rapide et avait une capacité de changement de direction comme personne d’autre.”
“Même quand tu y arrivais, c’était très difficile de le faire tomber. Il était comme un rugbyman. J’étais beaucoup plus grand que lui et beaucoup plus lourd, mais Maradona était extrêmement puissant. Tu pouvais le percuter, il ne tombait pas. Il avait cette capacité unique à éviter les tacles.”
Pourtant, malgré sa capacité incomparable à les éviter et malgré le fait que les arbitres protégeaient beaucoup moins les joueurs offensifs à l’époque, Maradona détient non pas un, ni deux, mais tous les records de la Coupe du Monde concernant le nombre de fautes subies.
Tout a commencé à Barcelone lors du match de la première journée d’Espagne 1982 entre l’Italie et l’Argentine. Claudio Gentile a été loin d’avoir fait honneur à son nom de famille (qui signifie gentil en italien) auprès de Maradona. L’impitoyable défenseur central a ainsi fait chuter le meneur de jeu à 23 reprises, n’écopant pourtant que d’un carton jaune. Sa déclaration d’après-match est restée dans les annales : “Le foot, ce n’est pas pour les ballerines”.
Quatre ans plus tard au Mexique, Maradona, alors dans toute sa splendeur, a subi 53 fautes, soit 20 de plus que n’importe quel autre joueur en une seule édition. Lorsqu’il a fait ses adieux à la plus prestigieuse des compétitions internationales de football, Maradona – en plus d’avoir été le joueur ayant subi le plus de fautes à Espagne 82, Mexique 86 et Italie 90 – avait obtenu 152 coups francs. Lionel Messi, qui a disputé cinq matches de plus, est le deuxième de ce classement avec 75 coups francs obtenus.
À titre de comparaison, Kareem Abdul-Jabbar a provoqué 4657 fautes, un record en NBA, soit 1,7 % de plus que son plus proche poursuivant, Karl Malone (4578 fautes). Maradona a quant à lui obtenu 103 % de fautes de plus que Messi.
Tandis que les amoureux de ballon rond se demandent souvent qui de Pelé, Maradona ou Lionel Messi est le plus grand joueur de l’histoire de la Coupe du Monde, il n’y a pas débat sur celui qui a le plus terrorisé ses adversaires : le seul et unique Diego Armando Maradona.