Les négociations visant à former de nouvelles autorités transitoires se poursuivent ce mercredi en Haïti, où la violence sévit dans la capitale, théâtre ces dernières heures d’une attaque de gangs contre un quartier huppé.
Depuis la démission « exigée » du Premier ministre de facto Ariel Henry la semaine dernière, les principaux partis politiques et les figures de la société civile travaillent à la création d’un conseil présidentiel de transition, sous la supervision de la Communauté caribéenne (Caricom).
Cependant, la composition de ce groupe de sept personnes a été retardée en raison de désaccords internes.
« Les discussions se poursuivent. Je suis sûre que cela prendra un peu de temps, mais tout indique qu’elles avancent », a déclaré mercredi Carolyn Rodrigues-Birkett, ambassadrice auprès de l’ONU du Guyana, membre de la Caricom.
Une source du gouvernement de doublure haïtien a quant à elle assuré à l’AFP que « aucune liste n’a été communiquée au Premier ministre démissionnaire ».
Selon un conseiller de M. Henry interrogé par CNN la semaine dernière, le gouvernement sortant, chargé de « gérer » les affaires courantes jusqu’à son remplacement, doit être « celui qui nomme officiellement les nouvelles autorités », alors que de nombreux ministres de cette administration se trouvent à l’extérieur du pays.
Le Premier ministre étant actuellement installé à Porto Rico, n’ayant pas pu retourner en Haïti après un voyage au Kenya.
Le 11 mars, le dirigeant, arrivé au pouvoir après l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, a cédé à la forte pression exigeant sa démission, dans un pays qui n’a pas organisé d’élections depuis 2016.
Haïti subit une vague de violence depuis le début du mois, lorsque plusieurs gangs se sont alliés pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince dans un bras de fer contre Henry.
Les membres des gangs cherchent désormais à prendre le contrôle de plusieurs quartiers de Pétion-Ville, une commune aisée en périphérie de Port-au-Prince, selon trois habitants
contactés par l’AFP.
Sur certaines routes de cette zone, les résidents ont érigé des barricades dans une tentative désespérée de se protéger des assauts des groupes armés, ont indiqué ces mêmes sources.
Les gangs ont déjà attaqué Pétion-Ville lundi, en attaquant une banque, une station-service et plusieurs résidences privées, dont celle d’un juge de la Cour des comptes haïtienne.
Au moins 14 cadavres ont été découverts ce jour-là sur une route de la commune, selon un photographe de l’AFP.
« Je suis ruiné. Je n’ai plus rien à vendre », a regretté mardi Gérard Vil, un commerçant de la région. « J’ai toujours vécu à Pétion-Ville, mais je vendais des choses dans le centre de Port-au-Prince. Depuis que l’insécurité a explosé, on ne peut plus vendre là-bas ».