Le puissant discours sur l’état de l’Union prononcé par le président américain, le 7 mars devant le Congrès, sera peut-être le début de la « remontada » face à Donald Trump, pour remporter l’élection de novembre, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
Au printemps 1948, l’avenir électoral du démocrate Harry S. Truman s’annonce mal. Il assurait la présidence des Etats-Unis depuis la mort en avril 1945 de Franklin D. Roosevelt dont il était le vice-président. Truman était candidat pour le scrutin de novembre 1948 – un candidat mal parti : popularité dans les profondeurs abyssales du « hit-parade » politique ; pas une étude d’opinion pour le donner vainqueur du postulant républicain, Thomas Dewey. Le parti de l’âne – démocrate – déprimait.
A contrecœur, la convention, réunie en août à Philadelphie, finit par accorder son imprimatur à Truman. Et là, miracle ! Alors que les télévisions filment pour la première fois pareille manifestation politique, le démocrate prononce un discours d’acceptation qui va changer le profil de la campagne. Brillant, festif, le candidat part à la bataille avec plaisir. Il dessine une ambition intérieure et extérieure généreuse pour une Amérique qui apprend à assumer son statut de superpuissance dans la guerre froide naissante.
Ce fut le déclic, le début d’une remontée dans l’estime de l’électorat démocrate, dit le professeur Michael Beschloss, éminent historien de la présidence américaine. Et le jour du vote, le 2 novembre 1948, à la surprise des professionnels du pronostic politique, le damné des sondages l’emporta. « Truman a toujours été sous-estimé », poursuit Beschloss, qui ajoute : « Joe Biden aussi. »
Punch oratoire
Interrogé par la chaîne MSNBC, l’historien dresse une comparaison. Le puissant discours sur l’état de l’Union prononcé par Joe Biden jeudi 7 mars devant le Congrès sera peut-être pour lui ce qu’a été pour Truman l’intervention délivrée devant la convention de Philadelphie en 1948 – le début de la remontada.