un billet de la rédaction
Au regard de l’histoire politique mouvementée d’Haïti, il y a environ une quarantaine d’années, l’idée d’un gouvernement à sept (7) Tèt Kale dekale rekale siégeant dans un palais national délabré évoque moins une vision de leadership que le scénario d’une farce sans fin. Renvoyant aux pages sombres de l’ère post-7 février 1986, lorsque le pays s’est retrouvé coincé avec un Conseil national de gouvernement (CNG), l’ironie se mêle à la tragédie dans ce récit d’une gouvernance chaotique annoncée.
Impossible de ne pas ressentir un frisson de dérision en pensant au cortège de personnalités politiques qui tournent autour de ce conseil présidentiel made in Jamaica comme des papillons de nuit autour d’une chaude flamme vacillante. Ariel Henri, protagoniste central de ce théâtre de l’absurde, apparaît comme une figure paradoxale, ayant navigué des rives des droits de l’homme aux eaux troubles du pouvoir politique, laissant derrière lui un sillage de controverses, un bilan de gestion negative, de remaniements et d’élections mille fois promises jamais tenues.
Pourtant, l’essence même de cette proposition laisse un arrière-goût amer dans la bouche de ceux qui ont été témoins des vicissitudes de la politique haïtienne. L’idée de voir d’anciens antagonistes politiques se blottir ensemble sous le même dais gouvernemental évoque moins une réconciliation nationale qu’une mascarade grotesque, où les intérêts personnels mesquins prennent le pas sur l’intérêt commun.
L’absurdité culmine lorsque l’on considère les racines profondes de cette proposition dans le terreau fertile de la corruption et de l’opportunisme politique. Les noms familiers des factions politiques rivales, tels que Montana et Lavalas, EDE, SD et Accord Tonton Noel, se retrouvent soudain toutouni unis dans une danse macabre de pouvoir et de privilèges, laissant le peuple haïtien à se demander s’il est condamné à être pris en otage par ceux-là mêmes qui prétendent le sauver des griffes de PHTK et de ses tuteurs connus.
L’histoire, pourtant, offre peu de réconfort, car même après la promulgation de la constitution de 1987, les tentacules de l’instabilité politique continuent de s’enrouler autour du destin de la nation. La Cour de Cassation, dans son rôle de gardienne de la loi et du bon ordre, semble impuissante face à cette marée montante de cynisme et de désillusion.
En fin de compte, ce tableau grotesque d’un collège présidentiel à 7 Tèt, avec ses racines ancrées dans un passé trouble et son avenir incertain, n’est qu’un reflet déformé de la réalité haïtienne. Il incarne l’essence même de l’ironie, où les rêves de progrès et de stabilité se heurtent de plein fouet à la dure réalité de la politique partisane et des intérêts personnels. Si Haïti cherche une voie vers un avenir plus prometteur, il est clair que ce conseil ou collège présidentiel de pwofitè ki soti pou fè jwèt manje tè ne représente qu’un faux pas dans une marche chaotique vers l’inconnu. La liste des noms de ces nouveaux conzes de 2024 est bien documentée pour la prospérité, mais le plan kenyan, en connaissent-ils le contenu ?