Droit à l’avortement annulé aux États-Unis : Biden dénonce une «erreur tragique», Macron appelle à «protéger» ce «droit fondamental»
RÉACTIONS – Dans une volte-face historique, la Cour suprême des États-Unis a enterré vendredi l’arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter.
L’ancien président Barack Obama a accusé la Cour suprême d’avoir «attaqué les libertés fondamentales de millions d’Américaines», après la décision vendredi de l’institution de révoquer le droit à l’avortement. «Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit», a déclaré l’ancien président démocrate sur Twitter. La candidate démocrate malheureuse à l’élection présidentielle américaine 2016 Hillary Clinton a pour sa part dénoncé «un pas en arrière pour les droits des femmes».
«Une erreur historique» réparée, selon Pence
À l’inverse, l’ancien président conservateur, Donald Trump, a estimé que cette annulation répondait à la «volonté de Dieu». Interrogé par la chaîne Fox News sur son propre rôle, pour avoir nommé trois juges et fait ainsi franchement fait basculer la majorité de la haute juridiction dans le camp conservateur, le milliardaire républicain a répondu: «C’est la volonté de Dieu». La décision «suit la Constitution», et «ramène tout au niveau des États, ce qui aurait toujours dû être le cas», a-t-il ajouté. Dans un communiqué, il s’est ensuite néanmoins attribué un rôle prépondérant. «L’arrêt d’aujourd’hui, qui est la plus grande victoire pour la vie depuis une génération, avec d’autres décisions récentes, ont été rendues possibles seulement car j’ai tenu mes promesses, notamment en nommant et installant trois constitutionnalistes très respectés et solides à la Cour suprême des Etats-Unis», a-t-il affirmé. «C’était un grand honneur pour moi!»
L’ancien vice-président républicain des États-Unis Mike Pence a de son côté chaleureusement salué vendredi la décision de la Cour suprême révoquant le droit à l’avortement, «jeté aux oubliettes de l’Histoire». «En renvoyant la question de l’avortement aux États et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique», s’est félicité sur Twitter ce fervent chrétien évangélique, qui fut le bras droit de Donald Trump à la Maison Blanche.
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Dans un communiqué publié ce vendredi, les évêques de New-York se sont réjouis d’un «jour historique». «Nous rendons grâce au Seigneur pour la décision d’aujourd’hui. […] Cette juste décision sauvera un nombre incalculable d’enfants innocents à naître». Figure influente du protestantisme évangélique outre Atlantique, le pasteur Rick Warren a aussi salué la décision de la Cour suprême. «Des millions d’Américains à naître disent merci !», a-t-il publié sur Twitter. Le sénateur républicain Marco Rubio a pour sa part affirmé sur Twitter qu’il fallait dès à présent «un plan pro-life pour l’Amérique post Roe».
Un «coup terrible»
Le président français, Emmanuel Macron, a au contraire affirmé que l’avortement était «un droit fondamental pour toutes les femmes». «Il faut le protéger. J’exprime ma solidarité avec les femmes dont les libertés sont aujourd’hui remises en cause par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique», a écrit le chef de l’État sur Twitter. La première ministre Elisabeth Borne a également déploré sur Twitter «un jour sombre pour les droits des femmes». «Solidarité totale avec toutes les femmes aux États-Unis et dans le monde. Nous ne lâcherons rien pour nos droits, jamais», a-t-elle poursuivi.
L’annulation du droit à l’avortement décidée vendredi par la Cour suprême des États-Unis «est un coup terrible porté aux droits humains des femmes et à l’égalité des genres», a déclaré vendredi la Haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. «L’accès à l’avortement sûr, légal et efficace est fermement enraciné dans le droit humain international et il est au cœur de l’autonomie des femmes et de leur capacité à faire leurs propres choix», écrit Michelle Bachelet dans un communiqué, regrettant une décision «qui est un recul majeur». Le premier ministre canadien Justin Trudeau a, lui, jugé vendredi «horrible» l’arrêt de la Cour suprême de son voisin américain. «Les nouvelles en provenance des États-Unis sont horribles. Je suis de tout cœur avec les millions d’Américaines qui vont perdre leur droit légal à l’avortement», a tweeté le dirigeant canadien, en ajoutant qu’«aucun gouvernement, aucun politicien, ni aucun homme ne (devrait) dicter à une femme ce qu’elle peut faire ou ne pas faire avec son corps».
La principale organisation de planning familial américaine a quant à elle promis vendredi de continuer à «se battre» après la décision de la Cour suprême de révoquer l’arrêt qui garantissait depuis près de 50 ans le droit à l’avortement. «Vous ressentez sans doute beaucoup d’émotions – de la douleur, de la colère, de la confusion. C’est normal, nous sommes avec vous et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous», a tweeté Planned Parenthood. Kimberlé Crenshaw, universitaire américaine connue pour avoir théorisé l’intersectionnalité, a dénoncé de son côté «illégitimité et à la partisanerie» de la Cour suprême.
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