Comme beaucoup, j’ai lu et relu le texte de Robert Malval, “_La République des transfuges_” et, celui de Claude Bernard Célestin ,“_Où êtes-vous, les nantis d’Haiti ?_”. Le premier fustige les politiques et le second, les acteurs économiques privilégiés. Tous deux nous invitent à l’analyse de notre Société, toutes classes confondues, qui se résume à une question : Qui sommes-nous finalement ?
Des clans, se disputant la meilleure part d’une économie agonisante ?Un ensemble de tribus éparpillées sur un territoire??Des cercles fermés prônant des doctrines du siècle dernier ou encore, un peuple ???
Celui-ci suggère des citoyennes et citoyens conscients de devoir oeuvrer au mieux-être collectif, respectueux des lois et conventions qu’ils auront eux-mêmes élaborés… bref, un ensemble de femmes et d’hommes partageant un territoire et un projet …. et c’est tout ce que nous ne trouvons plus chez nous… !
La culture du « se pa fot mwen « , « se fot li « …a tellement eu d’échos qu’elle est devenu le réflexe, un hymne au désintérêt collectif, un aveu d’inexistence identitaire. Alors, si aujourd’hui nous assumons notre échec, au moins accordons-nous sur l’urgente nécessité de décider ensemble de ce que nous souhaitons et de qui nous voulons redevenir ou devenir !
Si nous persistons à croire que la seule solution à la situation d’insécurité est exclusivement d’ordre répressive, notre ignorance, ou encore notre indifférence face aux réalités sociales, servira de ferment à la résurgence et au renforcement des gangs armés ..
L’association militaire d’Haiti, n’a eu de cesse d’alerter la société sur l’urgence d’une prise en charge de la jeunesse haitienne, particulièrement celle des classes sociales en difficulté…
Malgré l’engouement suscité au sein de la population et dans la diaspora, le projet d’académie de formation civique par nous prôné depuis 2014, s’est heurté à la mauvaise foi des autorités et à l’absence de vision des politiques … Mais, plus dramatique encore, à l’indifférence totale des acteurs économiques.
Le centre de delmas 3, dont nous avons requis du gouvernement la gestion, a une capacité en internat d’une centaine d’enfants.
Nous avons considéré l’âge d’admission entre 12 et 15 ans et une durée maximale de séjour en internat de 7 ans, au terme duquel l’enfant aura, au moins, atteint le niveau de la 9e année fondamentale, et sortira avec un métier en main.
Compte tenu de la formation disciplinaire militarisée, la PNH et les FADH y puiseraient leur meilleurs recrues… Un coût moyen de $20 par jour et par enfant incluant les salaires des formateurs, les vêtements, la nourriture, les soins médicaux, le matériel didactique … Ce projet était-il prétentieux ou alors trop cher ??
Face à notre indifférence collective, leur colère, attisée par les vrais assassins manipulateurs, nous aura coûté cinq cent fois plus depuis juillet 2017, et les larmes que nous avons versées ont mis nos âmes en crue ……
$20 par jour pour un enfant, un futur citoyen … ou toujours rien, jusqu’à ce qu il nous fasse payer le prix de notre inconscience en ravissant nos vies.
Il est correct de dire que la prise en charge des enfants en difficulté ne suffira pas à éteindre cette colère, mal contenue, qui nous perturbe. D’autres mesures devront être simultanément prises. Le nettoyage de nos institutions ne pourra, en aucun cas, être suivie d’effets si le travail des fonctionnaires honnêtes n’est pas valorisé.La police nationale en a, d’ailleurs, fortement besoin, de même que les FADH, les douanes, le service d’immigration, la police environnementale, etc….
La société civile devra travailler à se réapproprier ses institutions, et le seul moyen d’y parvenir est de nous intéresser à leur fonctionnement en réclamant à travers nos représentations, notre droit citoyen d’ingérence et de surveillance …
Il faudra bien que la société accepte la refonte de ses Représentations, Chambres, Associations, Syndicats, Collèges, Ordres, etc.. Ceux-ci devront d’abord être purgés de leurs membres irritants puis s’ouvrir à une plus large participation. Le respect du paiement des cotisations étant le premier exercice prouvant la volonté de tout un chacun de consentir à un sacrifice pour un projet collectif …
Plaçons à leurs têtes des personnalités dont la colonne vertébrale ne souffre d’aucun traumatisme dû aux courbettes. Écartons les larbins et faisons choix de gens capables de nous représenter valablement… mais, pour ce faire, il faudra y adhérer !
Choisissons d’être un peuple !
A. Laraque