Sénateur Yvan Cepada se base sur l’article 23 de la Constitution de la Colombie pour s’adresser au président de la République. « Cette demande de pardon est un acte qui correspond à la magnitude des faits, car avec elle, l’État colombien assume l’engagement de punir, comme il se doit, les violations de la loi qui ont permis la perpétration de ce crime atroce, et ainsi éviter sa répétition« .
Mercredi 11 août 2021 ((rezonodwes.com))–Dans une lettre, le sénateur colombien Iván Cepeda a demandé au président Iván Duque de présenter ses excuses au peuple haïtien pour l’assassinat du chef de ce pays, Jovenel Moïse, perpétré le 7 juillet par d’anciens militaires colombiens qui auraient agi comme des mercenaires.
Si le sénateur du parti a souligné que M. Duque a reconnu publiquement l’implication de Colombiens dans l’assassinat et qu’il a lui-même affirmé à plusieurs reprises que son gouvernement collaborait aux enquêtes menées parallèlement en Haiti, il a conclu que la demande de pardon est nécessaire et doit encore être exprimée.
Son argument repose sur le fait que Duque n’est pas seulement président. Il est également le chef des forces armées, une raison suffisante, aux yeux de M. Cepeda, pour présenter des excuses sincères pour les actions des membres des forces armées qui ont été capturés par les autorités haïtiennes.
« Cette demande de pardon est un acte qui correspond à la magnitude des faits, car avec elle, l’État colombien assume l’engagement de punir, comme il se doit, les violations de la loi qui ont permis la perpétration de ce crime atroce, et ainsi éviter sa répétition », a-t-il relaté. À cet égard, il a précisé qu’il demandait cette expression publique à Duque par le biais de l’article 23 de la Constitution, qui stipule que « toute personne a le droit de présenter aux autorités des pétitions respectueuses pour des raisons d’intérêt général ou particulier et d’obtenir une résolution rapide ». Elle lui demande de le faire par le biais d’un discours présidentiel.
La lettre soulève une question controversée qui a été mise en avant depuis l’assassinat de Moïse : les actions des militaires, quelque chose qui a été remis en question dans ce scénario, et aussi dans ceux qui ont trait à leurs actions lorsqu’ils sont en service et ont commis, pour certains, des crimes contre les citoyens.
« C’est vous qui devez reconnaître, au nom de tout un pays et de ses institutions, que la participation de militaires à la retraite à l’assassinat d’un président est un acte de honte nationale. Aucune coopération judiciaire ne sera suffisante sans cette grâce, qui doit s’accompagner de l’adoption de mesures visant à restreindre l’embauche d’anciens militaires dans de prétendus ‘services de sécurité’ étrangers qui conduisent à la perpétration de graves crimes contre l’humanité« , a souligné le législateur de l’opposition.
Pour cette raison, M. Cepeda a affirmé que présenter des excuses au peuple haïtien pour ce qui sera dans l’histoire récente de l’Amérique l’une des plus grandes attaques politiques est le « premier pas » pour que la Colombie reconnaisse que « l’on n’a pas fait assez pour faire face à la crise en termes de formation, de contrôle, de supervision et de soutien aux militaires et policiers retraités du pays ». Pour lui, l’absence de pardon public condamnera le pays à se souvenir, une fois de plus, des guerres et des actes honteux de mercenariat et de violence.