Impitoyable, « la mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; la cruelle faucheuse qu’elle est se bouche les oreilles et nous laisse crier ». François de Malherbe
Une maudite décennie de médiocratie malveillante nourrie par une barbarie féroce couplée d’acrobaties périlleuses dans une flagornerie « intellectuelle » ignominieuse au service de l’imposture officielle. Un véritable calvaire à la Golgotha enduré par un peuple bafoué, dépouillé et badigeonné dans la merde.
Les péripéties de la patrie pétrie par des cons, des larrons et des démons politiques internes et des pharisiens externes ont aggravé le climat social pour atteindre un climax de confusion effroyable telle une grossesse ectopique en perdition.
Au final, pauvre ou riche, citoyen modeste ou officiel, la mort tragique profite de nos indifférences et irresponsabilités citoyennes pour étendre ses ailes en frappant dramatiquement à toutes les portes, en bois, en fer et blindées. Simple citoyen, acteur d’un camp ou d’un autre, artisan, cerveau de l’injustice et de l’insécurité, « l’évènement sadique » du 7 juillet 2021 nous aurait renseigné qu’absolument personne ne serait à l’abri dans une jungle totalement dérèglée.
Par des actes aléatoires ou planifiés en des trahisons et des conspirations au sommet, tout le monde peut définitivement payer le prix du désordre politique et social. « Assassinat réel ou virtuel », tellement d’incohérence, ce récit comique-tragique-cosmétique va rester gravé dans les annales de l’histoire comme une disparition radicale. Question d’incitation, les humains, surtout les petits, seraient prêts à aller très loin, vraiment trop loin pour protéger leurs intérêts mesquins. Ce n’est pas forcément l’avenir qui dira le reste ; mais la dialectique et la maïeutique ne flanchent pas devant les arguments fallacieux. Bref.
En ce règne démentiel, il ne se vit un seul jour à tous les tours du périple quotidien, dans les contours des villes avilies et aux alentours des bidonvilles de l’Ile en péril sans que les vautours de la mort n’exhibent leurs muscles herculéens pour nous acculer, enculer, encapsuler, désarticuler, démantibuler, annuler et nous maculer du sang de nos « consanguins » versé sans merci par des gangs sanguinaires qui nous basculent dans une angoisse extrême.
Dès l’emprise de la bêtise et la perfidie en 2011 à l’hypophyse des axes stratégiques de notre Cité historique pilotée par de faux bergers complexés, prétentieux et audacieux, Haïti est déshabillée, blasée, effilochée, délabrée, humiliée, vilipendée et gangrenée par des dégénérés de la pire espèce. Aucune surprise évidemment, car personne ne saurait offrir ce qu’il n’a pas ; aucun pays ne saurait gagner au loto. Quand ce sont des faux, des faussaires, des faux-semblants et du faire-semblant qui font et défont au plus profond des dossiers stratégiques d’une nation, le rendez-vous avec la confusion et le chaos est certain. Le corpus des paradigmes du développement y décerne une causalité patente à propos ; la plus haute direction politique assurée par le vagabondage, le mensonge, le crac, la marijuana, l’indécence et l’imposture entraîne à coup sûr le chaos systémique.
Les sauvages de ce régime politique kwashiorkor – servant de caisse de résonance de l’étalage du crime protéiforme – nous imposent une immersion sans gilets de sauvetage dans un naufrage sanglant où gigotent nos semblables dans leurs propres leucocytes et hématies désagrégés pour couler à flot sur les trottoirs, en des rigoles, sur le macadam, sur les tréteaux et sur des piles d’immondice avant d’ « habiter le boulevard des allongés » en toute indignité, sous les yeux complices des dignitaires sans dignité et sans pitié.
Regrettable que la mort nous adore tant !
La date du vendredi démoniaque du 12 avril 2021 rappelle dans les annales de notre triste histoire au moins cinq (5) policiers abattus, sectionnés, morcelés et décapités au Village du diable, sous la rage outrageuse de Tizo, Ti-Lapli et Izo-5 Segond. Toute une force de police « entrainée » déchue face à des crapules bizarrement supportés par les plus hautes instances de l’Etat. Un uniforme souillé, des épaulettes déchirées, un blindé emparé, des armes lourdes confisquées puis remise du blindé en échange de liasses de billets, des corps carbonisés ou mis en terre par les bandits eux-mêmes, l’institution « prestigieuse » de la PNH a été sans arme et sans âme.
Un récent carnage le mardi 29 juin, plus de vingt (20) cadavres ont jonché la route de Delmas 32 et Christ-Roi, dont celui de Netty et de Diego, au même jour de l’assassinat du policier Guerby Geffrard. De nombreux actes barbares et des décès gratuits à Martissant et à Fontamara dont une balle logée à la tête de l’infirmière Lorna Rose Virgile dans une ambulance en plein exercice de ses fonctions de soigner des personnes dans la souffrance.
Horribles massacres à Carrefour-Feuille, au Belair, à Grand’Ravine et à Cité Soleil épinglant des criminels notoires de connivence avec des officiels du pouvoir. Les rapports de nombreuses organisations dont l’ONU et le RNDDH ont clairement établi les mains et les cerveaux du crime. Les bandits du béton et ceux du salon circulent en toute impunité. Les malfrats en chemises débraillées et ceux à cravates dans la bulle officielle détiendraient les mêmes pouvoirs de révoquer et recruter ministres et directeurs généraux.
6-7 juillet 2018 puis février 2019, scènes de pays lock ; en plus des actes arbitraires de « Le Police », sous l’auspice de haut-gradés de l’Etat, des mercenaires étrangers ont été déployés sur le territoire, notamment à la capitale pour loger des balles dans le cœur, au poumon, à la tête du peuple révolté de ses conditions inhumaines.
Accidents de la route, camions sans frein, chars carnavalesques en furie, asphyxie à un hôtel, incendie à un orphelinat, explosion à une pompe de gazoline, bataille entre deux bandes de rara, des balles dégainées à un restaurant, une altercation à un carwash, un différend à un Tisourit, des séries d’accidents bizarres du cortège présidentiel, la mort n’est plus une invitée surprise à tous les évènements au pays. Partout, sous toutes les formes, tel à des films d’horreur, une multitude de compatriotes ont « avalé leurs extraits de naissance » dans la plus grande banalité. Les vêtements de deuil sont devenus aussi répandues que les uniformes d’école classique.
Sous l’ordre sinistre des Mawozo piloté par Lanmò-100-Jou à la Croix des Bouquets, des dizaines d’innocents ont été subitement et lâchement abattus pour « faire le grand voyage » sans avoir eu la chance d’avertir des parents et amis. Des corps calcinés, des magasins incendiés, des ultimes soupirs sous l’ordre cynique de Babekyou, G-9 et alliés du PHTK.
La fête est belle pour Lucifer et ses disciples de peau humaine mais de cœur diabolique qui festoient sur l’innocence d’une population frappée par la déveine de voir son destin légué à des malandrins, des coquins et des mesquins assis confortablement « de facto » sur les fauteuils bourrés des plus nobles institutions.
Comme des débris, des fatras et des rejetons, la mort nous accompagne dans une fidélité incroyable pour nous « sortir lâchement les pieds devant » à tous les coins et les recoins du pays en nous sanctionnant de manière capitale de notre insouciance et notre « menfoubinisme » de laisser la République historique entre des mains souillées, des corps sans cœurs et des têtes calées sans cerveaux aux postes les plus prestigieux.
La cerise sur le gâteau ; pris dans l’engrenage macabre qu’il a contribué lui-même à concevoir et à alimenter, Apredye n’aurait pas pu sauver sa peau. Vrai ou Faux ? En tout cas, l’envoyé spécial de Martelly n’est plus de cette couche cosmique des vivants qui ne côtoient pas les morts vraiment morts ou les morts-vivants qui acceptent volontiers de mourir. Aurons-nous une nouvelle version de résurrection à la « Grann Saint-Anne » ? Très peu probable !
Qu’il s’agisse de dossiers de la royauté, de la papauté ou de la présidence, la vérité finit toujours par nous rattraper. « Et pourtant elle tourne ! ».
Sophisme politique : les prémisses du décor sinistre du crime aveugle
Le raisonnement faisant croire que les fauteuils politiques seraient des espaces à laisser à des fesses guidées par le ventre et le bas-ventre est une absurdité. N’est-ce pas que l’éducation, la santé, la culture, le loisir, la justice et la sécurité émanent des politiques publiques conçues par un système ? Alors, que viennent chercher des êtres assoiffés de l’argent facile, sans lecture ni écriture, dans les affaires politiques d’un pays ? Depuis quand ce sont par des dealers, des imposteurs, des usurpateurs et des thuriféraires qui justifient des actes arbitraires qu’une nation allait se détacher des chaines de la privation pour prendre les rails du développement ?
Haïti est en train de payer au prix fort la grave ineptie post-sismique de plébisciter le vagabondage sur le sage dans les affaires sérieuses d’une nation. Ces « autorités » d’après 2010, sans crédibilité et sans notoriété ne font que voiler, violer et voler à vive allure en fourrant leurs doigts, belle longueur, dans les fonds internes et les aides des coopérations destinés au bien-être de la population. La mégalomanie et la cleptomanie au sommet de l’Etat se révèlent des comportements ignobles favorables aux inégalités sociales qui, elles-mêmes, accroissent les risques du passage de vies à trépas des plus vulnérables, à petits pas et à pas de géant.
En se leurrant dans une stratégie stupide de pouvoir sauvegarder leur pouvoir de perturbation ad vitam aeternam, les politiciens sinistres profitent cyniquement de la précarité et du miséréré de la population pour nourrir le cercle vicieux de la politique diabolique et insalubre de familles et alliés garnis de kalachnikovs, mitraillettes, T-65, M-50, M-60, etc. A défaut de la méfiance et de la peur généralisée pour garantir le renouvellement de la bêtise au pouvoir, la politique de la terre brûlée pour créer une confusion totale serait la nouvelle carte des dilapidateurs des fonds publics, notamment ceux du Petrocaribe où ils sont épinglés avec leurs firmes bidon.
Cela tourne mal ; les armes et munitions distribuées par les affairistes politiques dans l’objectif électoraliste malsain de générer une psychose de peur au sein de la population pour faciliter le maintien de l’imposture au pouvoir pour un demi-siècle, sont utilisées de manière incontrôlée. Le payroll informel des bandits n’étant plus régulièrement assuré par la présidence en démence qui les a recrutés pour des missions diaboliques voilées, le kidnapping musclé et aveugle en contrepartie de rançons exubérantes et souvent épicé de torture et d’exécution sommaire n’épargne pas médecins, pasteurs, prêtres, élèves ni même des marchandes de saucisses. Haïti est tombée sur la tête !
À Martissant, au Belair, à la Croix-des-Bouquets, à la Saline, au Bicentenaire, les passants innocents en quête ardue du pain quotidien titubent comme des zombis errants dans la vallée de l’ombre de la mort. Ils y craignent le mal intégral du « Delta Charlie Delta » que les piétons côtoient les deux mains en l’air, les motocyclistes une seule main au guidon et les chauffeurs une main au volant pour assurer une survie sans vie « fingers crossed » pour une prochaine espérance de vie de 24 heures dans l’angoisse et la frustration. Haïti des derniers temps, Hollywood live ! A l’exception de la romance, nous avons pour tous les goûts : action, comique, dramatique, fim dyab !
La mort : un évènement « trivialisé » par l’arrogance et la répugnance au pouvoir
À visière levée, à visage découvert, à cœur-joie, à cœur-ouvert, les disciples de Lucifer au service loyal des dealers et dignitaires déloyaux au pouvoir ne portent plus de cagoules pour croiser le fer, brandir machettes, mitraillettes, M-50, M-60 et kalachnikovs à travers les coins et recoins des 27 750 km carrés, on dirait damnés et condamnés. Live sur Facebook, sur Youtube pour exposer leurs exploits dans la destruction de vies innocentes, Tilapli, Krisla, Izo 5-Segond, Tizo, Mawozo, Babekyou, 100-Jou Lanmò et Co. encaissent plus de vues que les actuels chefs « pedevi » et de courte-vue qui avilissent et dévalisent la vie dans nos villes et nos bidonvilles tremblotant de peur et de crise schizophrénique. « Quand les vilains et les assassins ont des mesquins et des coquins du pouvoir comme parrains et marraines, on ne peut récolter que le mauvais destin.
A défaut de rigoises, de « tap sou do men », de projectiles en caoutchouc ou d’accidents, la houlette et le bâton présidentiels aboutissent à la décapitation, à l’assassinat, du plomb logé dans le crane, les seins, au poumon et au cœur des antagonistes qui se mettent en croient face aux usurpateurs et imposteurs des promesses creuses qui osent rêver des élections « pike kole » et un référendum délirium soufrant du délire paranoïaque pour néantiser toute une république historique dans la poubelle. Jusqu’à la fin de nos jours, nous devons jurer de ne plus cohabiter avec ce régime sanguinaire générateur d’un contexte maudit de tous les maux dont les mots apocalyptiques sont épuisés pour en décrire le tableau lugubre.
A une certaine époque, les fictions d’horreur de la Hollywood telles que « Choky » et « Fredy » perturbaient nos sommeils en raison du sang humain versé spectaculairement à travers les petits écrans. Aujourd’hui, les séries d’horreur les plus horribles se vivent « live » en Haïti. Décapitations, massacres, lynchages, carnages, des têtes, des cœurs et des poumons offerts sur des plateaux d’argent et en chrysocale ; les cadavres jonchent les trottoirs ; les morts nous font des yeux doux dans la rue, a l’école, dans les voitures, dans les bus et à côté du bureau.
L’espérance de vie de 24 heures de temps renouvelable n’est plus une simple plaisanterie de mauvais goût. C’est une triste réalité pour les marchands, les passants, les employés et les voyageurs qui bravent le danger imminent de traverser Martissant, Belair et Croix-des-Bouquets pour se rendre dans la Capitale puante et répugnante envahie par des vampires politiques de la pire espèce.
Au début du deuxième millénaire, Jean Do alertait que les assassins étaient dans la rue. La version actualisée de ce constat, en 2021, serait que les assassins se confondent avec les officiels démentiels. Mêmes assiettes, mêmes piscines, mêmes gonzesses, mêmes cigarettes, mêmes joints, mêmes matelas, mêmes adresses ; bandits de la rue côtoient bandits au palais et à la primature dans un attachement viscéral comme s’ils étaient des frères congénitaux. Les regrettés Netty et Diego sauront partager la nouvelle avec JeanDo.
Torts à tort et à travers, forfaiture, déconfiture, tortures et tueries occasionnés sinon perpétrés par des bossus, des tortus et des vauriens aux institutions régaliennes qui n’y foutent rien sinon piller les ressources des ports, aéroports, ministères et organismes autonomes. Les sangsues sucent le trésor public jusqu’au dernier sou ; ils nourrissent la matière grise criminelle puis distribuent un « Ti-Rès » à des mercenaires et escadrons de la mort pour couper le souffle et semer le deuil au sein de la population.
Si du côté de la modernité l’espérance sous toute ses formes est déléguée à des mains politiques vigilantes en vue d’explorer les avenues pour bonifier et allonger la vie ; du côté de l’archaïsme, la négligence opte pour le vagabondage et le sauvage pour pactiser avec le démon.
Evènement ultime dans le cycle de la vie, trop souvent la mort se lit trop tôt et trop vite à travers le diagramme de Lexus. Pourtant, ce sont la naissance, le baptême, les fiançailles, le concubinage et le mariage qui devaient être si fréquents dans nos communautés. Pas la mort.
La « disparition tragique » du président porte-malheur – concoctée par une certaine mafia, au profit de quel groupe, on ne saurait le dire si tôt ou même jamais – marquera-t-elle la fin de la tragédie en Haïti ? Absolument NON !
Le ver est dans le fruit. La seule et unique voie de sortie – pour redorer le blason du pays et divorcer d’avec les pratiques bestiales de mettre le pouvoir au service d’une clique – consiste à plébisciter science et conscience dans les postes décisifs du pays. Espérons que la transition politique incontournable saura nettoyer les écuries d’Augias et déposer les bases fondamentales pour déboucher sur des élections effectivement honnêtes et crédibles afin qu’Haïti se laisse guider par la justice et la lumière.
Carly Dollin