L’État haitien est tenu responsable du décès tragique du médecin Jessica Jeanniton Vincent et celui de son fils Joshua Hassan Vincent emportés par les eaux en crue le 23 août dernier à Tabarre.
À cet ultime instant pour saluer le départ du médecin Jessica Jeanniton Vincent (32 ans) et celui de Joshua Hassan Vincent (10 mois), des proches, collègues et collaborateurs ont témoigné des pages de souvenirs et épisodes d’expérience partagés avec le défunt. Les mots se complétaient, les pleurs se sont succédé. Dans l’enceinte de l’Église Saint-Pierre, une urne cinéraire, entourée de couronnes mortuaires et d’étoiles, exposée invite au sens de recueillement à l’intention des défunts. L’archevêque métropolitain de Port-au-Prince, Mgr Max Leroy Mesidor, corégionaire des disparus, sollicite l’assistance de Dieu aux familles éplorées pour surmonter ce drame.
» J’espère que Dieu aidera cette famille à affronter ces épreuves douloureuses. Cette tragédie est injuste », a philosophé le prélat.
Ce drame traduit l’indifférence des pouvoirs publics, le déni de l’État à assister ses citoyens. Le célébrant principal, le vicaire Jonald Derozin, se dit indigné face aux conditions dans lesquelles ces âmes ont péri. Il dénonce la sensibilisation tardive engagée par l’administration Moïse/Jouthe alors la tempête tropicale frappait déjà de plein fouet les côtes haïtiennes. Il met en cause des dirigeants cancres, sans vision dans le chaos d’Haïti.
Pour ce dernier rendez-vous avec le médecin, spécialiste en pédiatrie, chacun de ses proches, de ses collègues a un mot touchant, un épisode particulier à raconter sur son vécu modèle et exemplaire. Diane Lebrun, confidente et étudiante de la promotion Lucie Paultre à l’Université Notre Dame, déplore le décès brutal d’une compétence rare au parcours exceptionnel.
»Nous nous souvenons quand elle a été distinguée lauréate de sa promotion. Notre confrère était en compétition avec sa propre personne car elle n’accepte jamais de se faire reléguer », se remémore Diane Lebrun.
Le recteur de l’Université d’État d’Haïti, Fritz Deshommes, optimiste croit que cette catastrophe doit nous interpeler pour adresser définitivement les défis environnementaux qui nous guettent.
Le dernier bilan communiqué par la Direction de la protection civile fait état de 30 morts durant le passage de Laura sur Haïti, alors que parallèlement les recherches se poursuivent en vue de repérer d’autres corps portés disparus.
Hervé Noël