La Police nationale d’Haïti (PNH) a rejeté d’un revers de main les dénonciations du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) laissant croire que des individus suspectés d’activités criminelles auraient intégré ses rangs. Selon le commissaire Frantz Lerebours, pas un seul des 1 475 nouveaux policiers n’a échappé à la double enquête menée par l’institution policière.
La PNH est passée à la contre-attaque en apportant des éclaircissements sur les chiffres avancés, pour laver leur image, peu de temps après la publication du communiqué du RNDDH dénonçant la présence d’individus au passé criminel parmi les nouveaux gradués. Pour le porte-parole de l’institution, le commissaire Frantz Lerebours, il s’agit de malentendus et zones d’ombre entre la PNH et le RNDDH qui, selon lui, travaillent toujours de concert pour épurer les forces de l’ordre et barrer la route aux malfrats qui veulent avoir une licence pour commettre leurs forfaits. « Depuis les trois dernières promotions, nous partageons régulièrement les résultats de nos enquêtes sur les aspirants policiers avec le RNDDH. Dans un souci de transparence et pour nous assurer que les nouveaux policiers sont au-dessus de tout soupçon », a déclaré Frantz Lerebours.
Contrairement au RNDDH, l’enquête du BRJ de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) avait fiché seulement 56 aspirants pour passé douteux et pour implication dans des actions criminelles. Après une contre-enquête menée cette fois-ci à partir des mains courantes des différents commissariats où les arrestations ont eu lieu, 50 d’entre eux ont été blanchis et les six autres inculpés, dont l’un arrêté sur place à l’école de police. Car les 50 n’ont pas commis les faits qui leur étaient reprochés. Ils avaient juste des patronymes similaires à ceux d’individus se trouvant dans les registres de la PNH.
Cela dit, la liste des 84 récipiendaires suspects dénoncés par le RNDDH est un peu énigmatique. « Lors de la re-vérification des dossiers, la liste du bureau de renseignement judiciaire était identique sur toute la ligne à celle du RNDDH », a indiqué le commissaire Emmanuel Corvil, responsable du service de recrutement permanent, lors d’une conférence à la direction générale de la PNH. Par ailleurs, le commissaire Corvil, qui affirme avoir épluché tous les dossiers, a fait savoir que pas même une fois les bureaux intervenants dans les enquêtes n’ont caché un dossier ou des détails importants à l’organisme de défense des droits humains. « D’après ce qu’a révélé l’enquête, la seule anomalie résidait dans les similitudes de noms », a-t-il en outre avancé.
Selon le commissaire Lerebours, le RNDDH est au courant de tous les détails relatifs à l’enquête menée par le Bureau de renseignement judiciaire (BRJ) et l’Inspection générale sur les aspirants policiers. Il est même permis au RNDDH de mener une enquête parallèle pour s’assurer d’un travail bien fait au final. « Tous les dossiers des aspirants sont ordinairement transmis au RNDDH qui représente pour nous la société. Et, pour nous assurer que les futurs agents de la force de l’ordre n’ont pas un passé criminel car ce serait irresponsable de convertir 84 bandits en policiers », a-t-il expliqué avant de fournir avec minutie les détails sur les enquêtes internes effectuées sur les 1 513 aspirants qui ont débuté la formation le 27 septembre.
Tirer au clair cette affaire est donc la priorité de la PNH qui veut, par-dessus tout, garder sa franche collaboration avec l’organisme de défense des droits humains, a balancé le porte-parole. « La PNH n’a pas à faire de considérations individuelles quand il s’agit de trancher. Nous acceptons de plein gré le travail du RNDDH, mais il nous revient de soupeser et de prendre la bonne décision afin de ne pas faire de victimes au nom de la présomption d’innocence », a précisé le commissaire Lerebours. Et d’ajouter que l’institution policière va assujettir ses nouveaux agents à un contrôle strict durant leur période de probation s’étalant sur un an, en fonction des règlements de la PNH.
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