Ce qui est aussi intéressant que contradictoire dans le dossier Petrocaribe, c’est que les responsables suspectés d’avoir dilapidé les fonds sont plus sidérés de la réaction de la population qui exige la reddition des comptes que la vaste gabegie et crime financier dont ils se seraient rendus coupables. Ils sont tellement habitués à se vautrer dans la corruption et de voir la population la digérer bêtement en bon enfant que cette soudaine levée de bouclier les laisse pantois.
Mais ils ont oublié que cette génération a accès à l’information, qu’elle observe comment des ministres européens ou d’ailleurs prennent sans broncher le train paient eux-mêmes leur taxi, vivent sans luxe ostentatoire alors qu’ils sont efficients et méritent vraiment de leur patrie. Cette jeunesse est écœurée par cette puanteur cette odeur fétide que dégagent ces dirigeants sans plan sans vision pour les générations futures et qui ont la frénésie de réduire ce pays en lambeaux. Si la justice haïtienne est trop vilipendée ou réduite à néant par ceux-là même qui ont dilapidé les fonds de petrocaribe afin de s’assurer qu’elle sera inapte à dire le mot du droit à leur encontre, les Haïtiens devront se tourner vers la cour interaméricaine des droits de l’homme.
Il est un principe en droit international qui veut que l’on ait épuisé toutes les voies de recours internes avant de saisir une cour régionale ou internationale, mais dans ce cas-ci l’on peut créer un précédent, un cas d’école si l’on démontre que la cour supérieure des comptes est inefficiente et à la solde des corrupteurs et que la justice de droit commun, malgré de nombreuses plaintes n’est pas parvenue à démontrer une velléité sérieuse quant à la conduite d’une enquête sérieuse qui dénotera des faits constants vérifiables exacts capables de conduire les présumés coupables au procès. Alors la Cour Interaméricaine des Droits de L’homme devra se déclarer compétente pour traiter du dossier, le déclarer recevable et se prononcer.
En dehors du dossier Petrocaribe, il y a un autre dossier assez important qu’on doit dénoncer et dont presque personne ne parle. C’est le décret du 7 Janvier 2016 avec 111 articles où l’administration de Martelly remet le contrôle de l’Ile de la Gonâve à une entité financière afin d’établir « Gonâve Island Financial Center ». Des voix se sont élevées dans l’opinion publique depuis le 7 Janvier 2016 pour dénoncer cette concession illégale et inconstitutionnelle d’une partie du territoire national. Récemment, la Banque de la République d’Haïti a lancé un appel d’offres pour une firme qui devra faire des études relatives à Gonave Island Financial Center. Nous nous demandons bien si le parlement haïtien ne va pas intervenir dans ce dossier vu que la mesure prise par Michel Joseph Martelly était tout à fait illégale et inconstitutionnelle. Le 11 Septembre sera la date butoir de l’appel d’offres et rien n’indique que des actions sont prises pour invalider ce décret illégal.
D’aucuns pensent que cette affaire de Gonave Island Financial Center est un effort fait pour blanchir l’argent du petrocaribe volé. Les Haïtiens doivent rester en alerte pour supporter la population gonavienne face à l’agression des prédateurs. Où sont les constitutionalistes de ce pays ? Où est le président de la Cour de Cassation ? Où sont les acteurs de la société civile ? Dans un article publié par Dady Chery et l’ancien député Beguens Theus, il est dit que Michel Martelly a été pressuré de prendre le décret pour protéger son fils Olivier qui était mêlé à une histoire de drogue. Aujourd’hui, il me semble que nous avons les mains liées. Les Habitants de l’Ile de la Gonâve vivaient paisiblement sur leurs terres et voilà qu’un groupe de mercenaires essaient de les déposséder de ce qui est vital pour eux. Qui va voler au secours des habitants de l’Ile de la Gonâve ?
Nous ne devons pas être dupes. L’argent du petrocaribe volé par les anciens dirigeants est en Haïti. Ils trouvent à présent des moyens pour blanchir cet argent et passer inaperçu par devant les instances internationales. Le petroréveil doit nous amener à prendre conscience de ce qui se passe par rapport à l’Ile de la Gonâve et nous battre pour protéger notre territoire. Les petrovoleurs ont bien travaillé leur plan et ils n’attendent que le moment propice pour l’exécuter. Ce que j’aimerais dire aux responsables du Petrocaribe Challenge est que l’affaire Petrocaribe est étroitement liée à la vente de l’Ile de la Gonâve. Le Petrocaribe Challenge ne pourra être seulement un simple mouvement pour demander où est passé les fonds du Petrocaribe.
Il doit aller au-delà d’une simple reddition des comptes. Nous devons chambarder ce système. Si nous ne travaillons pas pour un changement de système, demain il y a aura un autre scandale plus ahurissant. Les petrovoleurs ne chôment pas, ils cherchent toujours des moyens pour tromper la vigilance de la population. Les petrovoleurs n’agissent pas seul et ils ont le bras long. Nous devons les acculer et les porter à expérimenter la petrophobie. L’argent du petrocaribe est entre leurs mains, ils doivent le restituer. Les petrovoleurs sont astucieux, ils croient que la mobilisation contre eux est financée par une main cachée. Ils refusent de comprendre que le peuple est conscient qu’il soit victimisé et qu’il doit se défendre contre eux.
Nous devons accentuer sur la mobilisation, car les petrovoleurs sont résistants. Ils croient que le peuple est zombifié, ils croient que les jeunes ne sont pas assez responsabilisés. Ils nous prennent tous pour des canards sauvages, alors que nous avons la capacité de raisonner et de choisir le bien du mal. Nous ne savons pas exactement le montant qui a été dilapidé, mais ce que nous sommes sûrs c’est que le montant déboursé et qui a été alloué à des projets n’a pas été dépensé. Aux petrovoleurs et à ceux qui se demandent où est-ce que les jeunes trouvent de l’argent pour faire des banderoles et des maillots, c’est mal connaitre la jeunesse et c’est mal connaitre son dynamisme.