Sous la férule des organisations politiques de l’opposition, plusieurs manifestants ont marché dans les recoins de la zone métropolitaine samedi dernier. Dans la ligne de mire des protestataires, le Conseil électoral provisoire et le président de la République, Michel Martelly, dont ils réclament le départ. Des scènes de casse ont été enregistrées à Pétion-Ville au cours de cette manifestation.
Hostiles à la publication des résultats définitifs du CEP, plusieurs milliers de manifestants ont investi les rues de la capitale le week-end écoulé. Sous forte escorte policière, les protestataires continuent de réclamer la mise sur pied d’une commission de vérification pour épurer le processus électoral. Les partis de l’opposition continuent leur périple et entendent aller jusqu’au bout. Parce que, selon Éric Jean Baptiste –l’un des candidats du G8 –, le droit de s’exprimer pacifiquement et par tous les moyens est conféré par la Constitution. « Nous sommes sur le béton et nous allons voir si la rue ne va pas donner le résultat du vote populaire », a tempété le candidat du MAS, perché au haut de sa voiture sur laquelle sont gravés des slogans hostiles à la présence des forces onusiennes dans le pays.
Comme c’en est devenu une pratique lors de chaque manifestation, la marche a fait une halte devant les locaux du CEP sis à Pétion-Ville. Fusent les slogans anti-CEP et anti-Opont. Sur un char sonore, un tube « Nou pap manje bannann » fait écho. La foule danse. Les agents du CIMO et de la MINUSTAH sécurisent les lieux. Assad Volcy de la plateforme Pitit Desalin n’en démord pas. « Il n’y aura pas d’élections le 27 décembre prochain. Opont et ses acolytes le savent pertinemment », croit M. Volcy, logeant dans la même enseigne la visite de Kenneth Merten en Haïti, les déclarations de l’ambassadeur américain Peter F. Mulrean et celles du président de l’AMCHAM, Philippe Armand.
« Qu’il s’agisse de la communauté internationale, du secteur privé, ou encore de Pierre-Louis Opont, l’on ne pourra pas passer outre de la volonté du peuple haïtien », avertit le responsable de Pitit Desalin.
Pour les dissuader de se diriger à Canapé-Vert, les agents du CIMO ont aspergé les manifestants. Arguant que ce détour n’a pas été notifié à la PNH. En réaction, les protestataires ont tout brisé sur leur passage. Rien n’a échappé à leur furie. Pas même la petite voiture de taxi de cet homme dans la quarantaine, au visage blafard, qui, pour se consoler, s’est contenté d’enlever ce qui reste de la vitre arrière de son gagne-pain. Sans piper mot. Malgré la brune, la marche s’est poursuivie jusqu’après 18 heures, avant que les agents du CIMO n’y mettent fin à l’angle des avenues Martin Luther King et John Brown (Lalue). Jean Daniel Sénat Source Le Nouvelliste