Le jeudi 18 mai 2017 ramène le 214e anniversaire de la création du drapeau haïtien le 18 mai 1803. Fidèle à la tradition, le président de la République, Jovenel Moïse, accompagné des membres du gouvernement, du vice-président du Sénat, Jean Marie Junior Salomon, du président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy , du président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, Jules Cantave, et des membres du corps diplomatique, était à l’Arcahaie pour marquer cette date. Un grand dispositif de sécurité a été déployé en la circonstance.
Pour célébrer le 214e anniversaire du bicolore haïtien, le président de la République, Jovenel Moïse, a dû marcher sur des œufs à l’Arcahaie à cause des derniers bouleversements ayant touché la commune, suite aux incidents impliquant le cortège du président le mois dernier. Outre la réticence des Archelois à se masser autour de la place de la ville attendant l’arrivée des officiels, la mobilisation des différentes unités de la PNH qui pullulent la nationale # 1 jusqu’aux coins de rue de la cité du drapeau, le retard d’environ une heure du président et la stratégie obligeant les policiers à frayer un passage sur le tas pour permettre au président de gravir la tribune officielle en évitant tout contact avec la foule en disent long sur le climat de méfiance qui régnait dans la cité du drapeau.
L’unité, c’est l’essentiel
À l’Arcahaie, les discours et les activités culturelles vantant les hauts faits d’armes des ancêtres pleuvent et greffent sur le visage de certains un sentiment de fierté passagère les portant à surpasser les lots du quotidien haïtien. Cette fierté, on ne peut la trouver que dans l’histoire, regrettent quelques-uns qui disent avoir les pieds sur terre.
C’est ce réalisme qui porte l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Port-au- Prince, Monseigneur Sylvain Ducange, dans son homélie de circonstance, à appeler les Haïtiens «à cesser de se mentir» pour pouvoir faire un coude-à- coude pour sortir le pays du marasme socioéconomique. «Il nous faut l’unité pour parvenir à construire le nouveau pays dont nous rêvons tous», conseille l’évêque auxiliaire avant de rappeler que les ancêtres qui ont libéré le pays du joug de l’esclavage avaient bien compris la nécessité d’éviter «l’exclusion» dans leur initiative.
En ce sens, l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Port-au-Prince lance un appel au sens des responsabilités des élites pour garantir un avenir meilleur pour le pays.
De la mairesse de la ville, Rosemila Petit-Frère, en passant par le député de la circonscription, Pierre Féquière Julien, jusqu’au président de la République, Jovenel Moïse, toutes les autorités qui ont défilé au lutrin reconnaissent la nécessité d’un changement de cap en Haïti après 214 ans de soubresauts et de déchirements entre les fils du pays. Le président de la République, Jovenel Moïse, illustre bien cette situation en soulignant: «En 1804, l’ennemi, qui était une armée, était visible et plus facile à vaincre mais aujourd’hui nous devons faire attention pour que l’ennemi ne soit pas nous-mêmes qui pratiquons l’exclusion et le refus de dénoncer les tares qui rongent notre pays.»
Dans ce carrefour, Jovenel Moïse croit que le pays a besoin d’un changement en profondeur. C’est pourquoi il invite les Haïtiens à travailler en vue de ce changement qui, selon lui, doit être fait dans un climat de paix. «Nos ancêtres ont gagné la bataille pour l’indépendance, nous, nous devons gagner la bataille pour le développement du pays.» En vue de ce changement de cap, Jovenel Moïse projette de réaliser pendant son quinquennat les états généraux sectoriels de la nation afin de donner aux Haïtiens l’opportunité de décider de l’orientation à donner aux différents secteurs d’activités du pays.
Une université sous-exploitée
Le 18 mai est également la fête de l’Université depuis que Dantès Bellegarde a associé celle-ci au drapeau en disant: « L’Université est la gardienne du drapeau». Cette relation tend à disparaître aujourd’hui puisque 85% des cadres formés en Haïti vivent à l’extérieur du pays, selon les chiffres cités par le recteur de l’Université d’État d’Haïti, Fritz Deshommes.
Selon le recteur, cette relation n’existe que sur papier, car même les travaux de recherche des étudiants ne sont pas exploités par les autorités dans le cadre de la définition, voire dans la mise en œuvre des politiques publiques. Son intervention à l’Arcahaie se veut claire: «l’Université haïtienne revendique haut et fort son rôle de gardienne du drapeau.»
Il faut finir avec les gaspillages en embauchant des experts internationaux alors que le pays forme et dispose de compétences aptes à travailler en vue de son développement, clame Fritz Deshommes.
Samuel Céliné source le nouvelliste