Arcahaie fait partie des communes convoitées et attaquées par les gangs armés. Depuis plusieurs jours, sur les réseaux sociaux et par voie de presse, les SOS en faveur de la population archeloise ont augmenté. La raison ? Une offensive de la coalition « Viv ansanm » lancée contre cette ville à la sortie de Port-au-Prince.
Sur Magik 9, Jean Hervé Sainvil, l’un des agents exécutifs intérimaires de cette commune, est revenu sur les attaques des gangs armés. Invité à l’édition du jeudi 31 octobre de Panel Magik, M. Sainvil a aussi dressé le portrait de la ville dans ce contexte et a souligné la réponse policière face aux tentatives des bandits.
« Suite à l’installation du nouveau commissaire de police Désilien Pierre Frantz, la commune a subi en moins de 24 heures des attaques », a indiqué Jean Hervé Sainvil.
Selon M. Sainvil, les bandits ont lancé leurs attaques sur trois fronts différents par voie maritime et par voie terrestre à travers notamment les localités de Bercy, de Williamson et de Luly. Sur les réseaux sociaux, une vidéo a circulé montrant de petites embarcations remplies d’hommes armés tirant sur les côtes.
Interrogé sur les raisons pouvant expliquer ces attaques contre la Cité du drapeau, M. Sainvil a fait savoir que les bandits souhaitent étendre leur territoire du département de l’Ouest à l’Artibonite, seule la ville de l’Arcahaie fait barrage à ce projet. En effet, des habitants de cette commune ont pendant plusieurs mois constitués des brigades afin d’empêcher toute infiltration des bandits, ce qui a suscité la colère de plusieurs chefs de gangs qui n’ont jamais manqué l’occasion de proférer des menaces contre la population archeloise.
Jean Hervé Sainvil a révélé que les attaques ont été repoussées, grâce aux efforts conjoints de la population et de la Police Nationale d’Haïti, notamment le support des renforts dépêchés par la direction départementale de l’Artibonite.
Pour l’heure, l’administration communale ne peut faire de bilan ni d’inventaire des dégâts. Pour cause, plusieurs zones sont toujours sous la menace des bandits et restent inaccessibles. Toutefois M. Sainvil dit recenser une vingtaine de morts et l’incendie de près de 70 maisons sans compter les véhicules.
De Bercy à l’entrée de la ville jusqu’à Kafou pwa, a noté Jean Hervé Sainvil, la population ne peut regagner leur domicile car ces zones ont été saccagées par les bandits, ce qui a poussé les autorités à demander à la population de ne pas s’y rendre car les menaces sont constantes. Dans les autres localités, la population reste mobilisée afin de prévenir des infiltrations.
À Cabaret, commune limitrophe à Arcahaie, des bandits identifiés comme ceux du gang dirigé par Izo 5 secondes ont été filmés en train de démolir le commissariat de cette ville en lundi. Selon M. Sainvil, cette intervention des bandits est une contre-réaction après que des policiers aient pris contrôle la veille de ce poste. Il a regretté que les policiers n’aient pas pu consolider cette position faute de renforts qui ne sont jamais arrivés.
Les efforts louables de la PNH
« Pour le moment, la population archeloise a repris confiance et a fait preuve d’une certaine paix d’esprit en raison de la présence policière et des renforts », a indiqué M. Sainvil. Des 70 000 déplacés à fuir la ville au moment des turbulences, ils sont plusieurs à revenir chez eux.
« Nous saluons le travail de la PNH qui a fait de grands efforts. N’était-ce le travail de la PNH, la population archeloise serait en grande difficulté… La PNH s’est livrée corps et âme pour permettre à la population de vivre dans la tranquillité », a louangé Jean Hervé Sainvil.
Si le calme n’est pas total dans la ville, des dispositions ont été prises. La ville bénéficie de patrouille maritime grâce à un bateau venu en renfort de la commune de l’Artibonite, quant au trafic par voie terrestre elle reste paralysée. Cette situation pénalise les activités économiques qui, en cette fin d’octobre peinent à reprendre. Les prix des produits alimentaires connaissent une flambée de prix. M. Sainvil a réclamé du gouvernement un couloir humanitaire afin de voler au secours de la population en difficulté.