Jean Marie Exil, ambassadeur d’Haïti en Colombie s’est exprimé au micro du Journal EL TIEMPO sur l’enquête relative à l’assassinat de Jovenel Moïse.
Au cours des dernières heures, Haïti a arrêté 15 Colombiens, dont six militaires à la retraite, impliqués dans l’assassinat du président de ce pays, Jovenel Moïse.
Les photos des passeports des présumés mercenaires ont fait le tour du monde et des centaines de ressortissants de ce pays ont qualifié ce fait de honte mondiale.
Cependant, l’ambassadeur d’Haïti en Colombie, Jean Mary Exil, a assuré à EL TIEMPO que ces Colombiens qui seraient impliqués dans l’assassinat »ont des intérêts personnels en agissant de cette façon », et que cela n’a rien à voir avec le pays lui-même.
»Nous ne pouvons pas la contextualiser avec la Colombie en général », a-t-il martelé en ajoutant que l’attitude du reste des Colombiens envers les Haïtiens est totalement différente.
L’ambassadeur a prévenu que l’essentiel est de déterminer qui sont les auteurs intellectuels, la moelle épinière du « groupe interne en Haïti qui a payé pour réaliser cet acte ». Il en a profité pour demander l’aide des autorités colombiennes.
« Nous demandons l’aide des autorités colombiennes dans les plus brefs délais pour identifier les grands auteurs intellectuels afin de rétablir l’ordre », a-t-il déclaré.
Et il prévient que les Colombiens pourraient être assassinés par ceux qui les ont embauchés afin de les faire taire : « ceux qui les ont fait entrer dans le pays sont capables de les empoisonner ou de faire n’importe quoi avec eux pour qu’ils ne parlent pas ».
Pourquoi Jovenel Moïe a-t-il été assassiné ?
Pour Jean Mary Exil, la raison en était « le combat du Président contre le groupe oligarchique ». C’est une minorité qui saigne le pays », qui serait à l’origine de l’ordre de l’assassinat.
Il ajoute que ce groupe « veut sucer le sang de l’économie haïtienne et ne veut investir dans rien », mais oeuvre plutôt pour qu’Haïti continue de figurer en tête de liste des pays les plus corrompus.
Le Président Moïse, précise-t-il, « n’a jamais été d’accord avec ce qui se passait en Haïti, il a voulu casser les paradigmes et construire un autre pays, pour que le peuple haïtien ait une autre vie ».
Pour cette raison, le président a reçu plusieurs menaces de mort et a déjà subi d’autres tentatives d’assassinat, se lamente Exil.
En effet, pour mener à bien cet objectif, quatre anciens militaires colombiens impliqués se sont rendus à Punta Cana (République dominicaine) en juin. Mais d’autres, a assuré l’ambassadeur, seraient en Haïti depuis trois mois. « Comme il y en a tellement, les autorités font des recherches pour savoir comment fonctionne ce réseau », a-t-il concédé.
À ce sujet, l’ambassadeur a souligné que la frontière haïtiano-dominicaine est poreuse. « Si ces mercenaires, comme vous le voyez, étaient en République dominicaine, ils apparaissent comme des touristes, et c’est un peu difficile pour eux de détecter ces actes parce que les gens interagissaient bien », a déclaré le diplomate.
En outre, le responsable reconnaît qu’il y a une faiblesse dans la police. « Nous avons des policiers et des forces spécialisées au sein de la police pour prendre soin de la population, ce n’est pas une force robuste. Nous demandons souvent de l’aide à la Colombie pour nous aider dans ces aspects, et la République dominicaine nous aide avec des informations », a-t-il expliqué.
Cependant, il prévient qu’il est également difficile pour la République dominicaine de déterminer toutes les menaces et risques existant en Haïti.
Selon Exil, dans le cas où les autorités détermineraient que les Colombiens ont participé au meurtre, « la justice haïtienne établira les peines ».