Le DG de la PNH, Michel Ange Gédéon, en fin de mandat, ne sachant probablement pas trop s’il y a un point à balancer entre la personne chargée de renouveler son mandat, et l’entité qui viendra le rendre effectif, se trouve dans la ligne de mire du Sénateur Patrice Dumont. Celui-ci qui s’attache à la logique de la juste valeur du respect des droits de la personne humaine, partout sur la planète, nonobstant les appartenances politiques, plaide en faveur de la suspension immédiate des formes de tortures pratiquées dans des Commissariats. Notons-le, si toutefois, M. Gédéon a effectivement le contrôle de toutes les unités de la PNH, incluant le fameux et puissant et « autonome » corps USGPN…
« Il est inadmissible que dans notre pays, dans un commissariat, où le prévenu est totalement maîtrisé, des policiers aplatissent de jeunes hommes au sol en les piétinant de leurs bottes au dos et même à la tête« , dénonce le Sénateur Dumont dans une correspondance ouverte adressée au Directeur général de la Police, Michel-Ange Gédéon.
A quel point en sommes-nous en Haïti avec l’application des principes qui gouvernent les relations de l’être humain avec les autres ? « Chyen ak kochon ap manje kadav moun’n epi lè zot ap pase gade« , serait-ce tout ce qui reste de notre société en 2019 ? Au premier trimestre de 2019, il y a beaucoup plus d’ haïtiens tués par balle qu’il n’y en avait en janvier 1986, l’une des causes ayant précipité la chute de la dictature des Duvalier, le 7 février 1986.
Au dernier trimestre de 1985 et au tout début de 1986, les policiers du Cafeteria ou encore les milices ou Tonton makout, ou les soldats des Casernes Dessalines, prêtaient main forte à la présidence à vie croyant qu’elle n’était vraiment pas « négociable« , et que le défunt-dictateur était réellement inamovible, en fin de compte, les zélés serviteurs avaient fini par se retrouver en face d’une réalité incontournable jusqu’à occasionner leur auto-destruction. Et aujourd’hui, notre FAd’H est toujours réduite à sa plus simple expression pour ne pas dire inexistante.
Port-au-Prince, le 01 juillet 2019
Monsieur Michel-Ange Gédéon
Directeur Général de la Police Nationale
Monsieur le Directeur Général,
Par des images vidéo l’on voit des policiers se livrer depuis quelque temps à des actes de torture, insoutenables pour les témoins, indignes de personnes qui ont reçu une formation, humiliants et dégradants à l’extrême pour les victimes, avilissants pour la nation. Ne courons pas le risque de banaliser la déshumanisation. Éradiquons le crime de torture par lequel nos bourreaux colons se rabaissaient à l’animalité pure et qui nous condamnait à la haine toujours autodestructrice.
Y-a-t-il encore des salles de tortures en Haïti ?
Il est inadmissible que dans notre pays, dans un commissariat, où le prévenu est totalement maîtrisé, des policiers aplatissent de jeunes hommes au sol en les piétinant de leurs bottes au dos et même à la tête.
Pas que cela. À ces policiers tortionnaires, il faut aussi ordonner aux jeunes compatriotes suppliciés de se dévêtir de leur pantalon pour les fouetter directement aux fesses dans une orgie de violences verbales et physiques inimaginables dont l’écho caverneux complète l’ambiance de l’enfer à laquelle sont soumis ces jeunes compatriotes.
Il vous prendra pour bien rappeler à tous les échelons du corps l’article 25 de la Constitution qui stipule : « Toute rigueur ou contrainte qui n’est pas nécessaire pour appréhender une personne ou la maintenir en détention, toute pression morale ou brutalité physique, notamment pendant l’interrogation, sont interdites ».
Il faudrait aussi remettre à tous les policiers la définition de la torture, article 1er de la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants signée par Haïti le 16 août 2013.
Que ces dérives soient au plus vite corrigées
Vite que vous preniez les mesures disciplinaires, administratives et judiciaires contre les policiers coupables de tels actes et les commissariats ou centres pénitentiaires où ils sont commis.
En même temps que vous devez garantir la protection de la société et des policiers trop souvent victimes mortelles de bandits, il vous faut aussi travailler sans relâche à leur formation en Histoire et Culture d’Haïti, éthique, déontologie, droits humains. Tâche sans doute harassante que précisément l’on doit toujours confier aux plus vertueux d’entre nous!
Salutations patriotiques
Patrice Dumont
Sénateur de la République