L’ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda auprès des États-Unis et de l’Organisation des États américains Ronald Sanders a révélé que la délégation de l’OEA ayant séjourné en Haïti le mercredi 19 juin dernier s’était déplacée « sans aucune discussion ou mandat du Conseil permanent », a rapporté Caribbean News Service.
Le diplomate a dénoncé cet état de fait tendant à ignorer les procédures établies et l’autorité dans l’Organisation des États américains (OEA), estimant que les résultats de cette délégation non mandatée de l’OEA en Haïti restaient à voir et que les premières informations rapportées par le radiodiffuseur de service public des États-Unis, Voice of America (VOA), indique une réaction hostile jusqu’à présent.
« Au lieu d’agir sous l’autorité du Conseil permanent après délibération et décision, la visite d’une délégation en Haïti semble avoir été organisée entre l’ambassadeur de la République les États-Unis, Carlos Trujillo, et le secrétaire général, Luis Almagro en réponse à une lettre d’invitation du gouvernement d’Haïti qui, très inhabituellement, n’a pas été distribuée aux pays membres de l’OEA comme c’est la norme », a regretté Sanders.
La lettre haïtienne, datée du 14 juin selon le journal Miami Herald, n’a toujours pas été distribué aux États membres de l’OEA à nos jours, a jouté le diplomate, également chercheur principal à l’Institute of Commonwealth Studies de l’ Université de Londres et au Massey College de l’Université de Toronto.
Sanders a rappelé les démêlés du président Jovenel Moïse avec la Cour Supérieure des Comptes qui a indexé plusieurs compagnies du chef de l’État dans le scandale de la dilapidation des fonds du programme PetroCaribe Haïti.
Il a également cité un rapport de mai 2019 sur Haïti produit par l’Institut des Amériques pour la justice et la démocratie affirmant que : l’administration Tet Kale « s’est livrée à des violations des droits de l’homme, a violé l’état de droit et a mal géré l’économie », tout en pointant du doigt les élections imparfaites, un système de justice dysfonctionnel et des politiques économiques qui ont appauvri la majorité des Haïtiens.
Contacté par Rezo Nòdwès, le responsable de la communication de l’OEA, Gonzalo Espariz, n’a pas répondu à nos questions concernant la nature et l’objectif de cette « mission », se contentant de nous référer au laconique tweet avec la photo des deux membres de la délégation en compagnie du président Moise et de son ministre des Affaires Étrangères, Edmond Bocchit.