Michelle Bachelet a dénoncé les actes d’intimidation contre la société civile et a demandé à la justice d’établir les responsabilités pour les actes de violence.
n exposé devant les membres du Conseil, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a noté que la situation en Haïti était très différente aujourd’hui par rapport à 2004, quand les Casques bleus ont été déployés.
Si l’ampleur des violations des droits de l’homme enregistrées alors ne correspond pas à la situation actuelle, de graves problèmes structurels persistent. Les griefs sociaux, la corruption et la faiblesse des institutions constituent des obstacles majeurs à la réalisation des droits de l’homme en Haïti », a-t-elle souligné.
Ce sont d’ailleurs les problèmes de pauvreté, de manque d’accès aux services sociaux de base et de criminalité qui ont enclenché des troubles de plus en plus violents depuis le mois de juillet dernier.
Au moins 60 personnes ont été tuées jusqu’ici et entre le 7 et le 15 février de cette année, la manifestation la plus longue et la plus violente a presqu’entièrement paralysé le pays, aggravant la situation dans les hôpitaux et dans les prisons, et rétrécissant l’accès à l’eau, à la nourriture et aux médicaments.
Les autorités haïtiennes ont répondu par des mesures pour faire baisser les prix, augmenter les salaires, lutter contre la corruption et agir dans l’affaire PetroCaribe. Il faut s’en féliciter, a dit Mme Bachelet, mais établir les responsabilités pour les actes de violence et assurer un dialogue constructif et inclusif entre les différents acteurs de la société haïtienne est également essentiel pour la stabilité et le développement durable.
Malgré un meilleur professionnalisme, la Police nationale haïtienne a commis de graves violations des droits de l’homme, voire des exécutions sommaires, sans vraiment avoir répondu de ses actes, malgré les enquêtes. En 2018, seuls 12% des cas confirmés de violations des droits de l’homme avaient fait l’objet d’une procédure judiciaire et aucune mesure n’a été prise contre les affaires les plus emblématiques.
La faiblesse du système judiciaire a aussi un impact négatif sur le système pénitentiaire, a poursuivi Mme Bachelet. Plus de 75% des détenus sont en détention préventive pour une moyenne de 1 100 jours, soit bien plus que la moyenne fixée par la loi. En conséquence, les prisons sont surpeuplées et caractérisées par des traitements dégradants et inhumains, l’absence de conditions sanitaires élémentaires et le manque d’accès des détenus à un avocat. L’établissement des responsabilités, a insisté Mme Bachelet, doit être perçu comme une mesure efficace pour renforcer la confiance dans les institutions. Consolider le lit de l’état de droit est un moyen de prévenir les violations des droits de l’homme et de réaliser une paix durable.
Mme Bachelet a appelé les autorités à profiter de la création du nouveau Ministère des droits de l’homme et de la lutte contre la pauvreté pour veiller au leadership tant attendu par le Comité interministériel des droits de l’homme qui vient d’ailleurs d’avancer dans l’élaboration d’un plan national d’action. Mme Bachelet a voulu que ce plan donne lieu à une feuille de route globale et réaliste pour renforcer les droits de l’homme en Haïti.
La Haute Commissaire s’est aussi félicitée de l’augmentation sensible du budget du Bureau de l’Ombudsman et des efforts de ce dernier pour consolider sa présence dans tout le pays. Elle n’a pas oublié de dénoncer les actes d’intimidation contre la société civile et d’appeler toutes les parties à renforcer le système de protection des droits de l’homme.