« La commission n’a fait que documenter tout ce qui se disait dans les médias », selon Youri Latortue
24 heures après la publication du rapport de la commission parlementaire sur la gestion des fonds PetroCaribe, le sénateur Youri Latortue est intervenu pour défendre son travail et celui de ses pairs. Rejetant d’un revers de main les accusations de persécutions, le sénateur croit que ce travail doit susciter les vrais débats dans l’objectif de s’attaquer aux problèmes structurels relatifs à notre système administratif.
En réalisant cette enquête, les sénateurs n’ont pas fait que mettre un coup de pied dans la fourmilière, croit dur comme fer Youri Latortue qui intervenait à Panel Magik ce jeudi. Le sénateur de l’Artibonite pense également que lui et ses collègues ont mis la puce à l’oreille des institutions de contrôle financier et de lutte contre la corruption. Citant le président du Sénat Ronald Larèche, Youri Latortue indique que ce rapport, une fois voté, sera transféré à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA), l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), l’Unité de contrôle et de renseignement financier (UCREF), et l’Inspection générale des finances.
Le sénateur déplore que ces institutions qui sont censées aider le Parlement dans son devoir de contrôle ne remplissent pas leurs fonctions avec efficacité. « C’est pourquoi des commissions sénatoriales vont à la recherche des indices pour permettre à ces institutions de faire leur travail. En définitive, la commission sénatoriale (NDLR, commission Éthique et Anticorruption) vient de dire attention ! Il y a des indices dont il faudra vérifier la véracité », a expliqué le sénateur, sans pour autant acquiescer les critiques selon lesquelles le travail a été réalisé à la six-quatre-deux.
Il existe des indices pour tout ce qui a été dit, soutient-il. « Nous avons trouvé des documents qu’on a approfondis. Par exemple, sur le scandale concernant l’achat des équipements du CNE sous le gouvernement Préval-Pierre-Louis, nous avons tous les contrats. Il y en a seulement pour 57 millions de dollars, alors que 80 millions de dollars ont été dépensés. Nous cherchons les autres 23 millions», a-t-il fait savoir, soulignant que la commission n’a fait que documenter ce que tout le monde disait dans la presse à longueur de journée, sans être à même de le prouver. Ce travail n’a pas été facile. Maintenant, nous demandons aux autres instances de faire leur travail, car nous sommes tous d’accord qu’il faut mettre de l’ordre dans le pays.
Certains pensent que ce rapport est de nature à provoquer un grand déballage au bout duquel plusieurs personnalités seront éclaboussées. Le sénateur Latortue croit, lui, que deux choix s’imposent : Un grand débat dans l’objectif de tout corriger, ou un silence complice s’accompagnant de l’augmentation des pertes dans le budget au fil des années.
La commission ne cherche pas à cibler des personnalités de gauche ou de droite, avance-t-il. Selon lui, le rapport lève le voile sur des problèmes structurels dans ce pays. « Rien n’a changé au niveau du système administratif, malgré la couleur idéologique des gouvernements. C’est pourquoi il faut débattre pour identifier le problème. Dans ses conclusions, la commission propose de revoir le programme PetroCaribe, de modifier la loi d’urgence et la loi de passation de marchés, de promulguer une loi coordonnant les institutions de lutte contre la corruption, etc. », a-t-il expliqué, conscient que certains anciens fonctionnaires épinglés dans le rapport ne sont pas nécessairement des voleurs.
« Tous les anciens responsables à qui nous avons parlé avaient la bonne volonté. Ils sont probablement victimes du système dans lequel ils ont évolué et qu’ils n’ont pas su contrôler », a poursuivi Youri Latortue, qui promet que le rapport, et non le résumé, sera rendu public afin que tous les détails puissent être consultés au peigne fin.