Plusieurs personnalités et institutions ont élevé la voix pour condamner l’incident enregistré mardi aux abords du siège du Parlement en marge de l’Assemblée nationale. La présidence et le ministère de la Justice, qui dénoncent ces actes, affirment avoir passé des instructions aux forces de l’ordre pour protéger le Parlement, ses employés et les parlementaires.
Mardi, la pression était à son comble au Bicentenaire, devant le siège du Parlement haïtien, alors que l’Assemblée nationale s’apprêtait à statuer sur la fin de mandat du président provisoire. Des manifestants favorables au maintien de Jocelerme Privert ont monté la garde à l’entrée du Parlement. Furieux, les manifestants ont lancé des pierres en direction du bâtiment. Une action que condamnent la présidence et le ministère de la Justice.
« La Présidence de la République condamne avec la dernière rigueur les incidents survenus aux abords du Palais législatif dans l’après-midi du mardi 21 juin 2016 et qui ont perturbé la séance en Assemblée nationale », écrit le palais national dans une note de presse parue ce mercredi. « Sitôt informée, la Présidence de la République a passé des instructions aux instances concernées ainsi qu’à la Police nationale d’Haïti (PNH) pour que des mesures immédiates soient prises en vue de protéger les vies et les biens et d’assurer la sécurité des bâtiments publics », poursuit la note portant la signature du secrétaire général de la présidence, Anthony Barbier.
Le ministère de la Justice va dans le même sens. « Le ministre de la Justice et de la Sécurité Publique a appris avec consternation l’attaque perpétrée contre le siège du Parlement mardi après-midi au Bicentenaire. Des individus malintentionnés ont attaqué à jets de pierres les locaux du Parlement. Me Camille Junior Edouard dénonce vivement cet acte malhonnête ayant perturbé une séance de travail des parlementaires », peut-on lire dans la note du MJSP.
« Etant informé, il a instruit le Directeur général a.i. de la Police nationale de diligenter une enquête en vue de fixer les responsabilités et d’identifier les auteurs de cette attaque. Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique réitère son engagement de poursuivre les malfrats en vue de les déférer par- devant les autorités compétentes pour répondre de leurs actes. Le ministre renouvelle son engagement d’assister la police pour qu’elle puisse répondre efficacement à sa mission qui est de protéger et servir », ajoute le ministère de la Justice.
Des sénateurs ont brandi cet incident pour expliquer leur non-participation à l’Assemblée nationale de mardi. « Des sénateurs disent ne pas pouvoir tenir séance parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité », avait indiqué le vice-président du Sénat à la presse après l’incident. Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on y voit des sénateurs comme Youri Latortue, tourmentés, en train d’armer leur pistolet. Le sénateur du Sud Jean Hervé Fourcand, lui, est accouru vers son bureau. Le député Cholzer Chancy, président de la Chambre des députés, qui fait office de président de l’Assemblée nationale, a tout de suite fait appel à la PNH afin de prendre les mesures qui s’imposent.
La Représentante spéciale du Secrétaire général (RSSG) de l’ONU et chef de la MINUSTAH, Sandra Honoré, dit pour sa part «condamner fermement les actes de violence perpétrés hier dans l’enceinte du Parlement haïtien. Saluant les efforts et les capacités de la Police nationale d’Haïti pour ramener l’ordre public, elle exhorte les autorités nationales à compléter l’enquête sur ces évènements avec célérité». Plus loin, La RSSG a réitèré son appel à tous «les sénateurs et députés à accomplir leur devoir et responsabilités envers leurs électeurs en permettant une solution pacifique à l’impasse actuelle à travers un vote à l’Assemblée nationale, et ce conformément à l’accord du 5 février».
« Le RNDDH condamne avec la plus grande véhémence l’incident qui s’est produit le 21 juin 2016 aux abords du Palais législatif et recommande aux autorités gouvernementales et policières de tout mettre en œuvre en vue d’assurer la sécurité du Parlement haïtien, a fait savoir l’organisme de défense des droits humains dans une note de presse. Le RNDDH invite le CSPN à prendre au sérieux toute menace proférée par quiconque, qu’ils soient parlementaires, membres de partis politiques, d’organisations ou simples citoyens. Enfin, l’organisme de droits humains presse les acteurs politiques à porter leurs partisans à circonscrire leurs actions et discours dans un cadre démocratique respectueux des valeurs et principes de droits humains».
« Alors que le pays traverse des moments d’interrogation, la Présidence de la République invite la population au calme et à la sérénité afin d’affronter les enjeux et défis de la conjoncture. Le droit inaliénable et imprescriptible des citoyens et citoyennes, des associations sociales et politiques, d’exprimer librement, et sous toute forme pacifique, leurs opinions et leurs revendications, a pour corollaire le respect des opinions contraires, a indiqué plus loin la présidence. Le palais national dit prier les acteurs sociaux et politiques «d’éviter les actes de dérapage, les dérives et infiltrations susceptibles de mettre en péril les biens publics et privés, et de compromettre l’actuel processus de normalisation institutionnelle et constitutionnelle ».
Le Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) a, lui aussi, condamné l’attaque contre le Parlement. « Ces actes ressemblent, à s’y méprendre, à certaines pratiques d’intimidations et de violences à l’égard des parlementaires très en vogue dans les années 1990 », déclare le PHTK dans un communiqué. Exhortant le directeur général a.i. de la police nationale et le ministre de la Justice et de la Sécurité publique à « assumer leurs pleines responsabilités », le parti a, par ailleurs, rappelé que « des actes similaires avaient été récemment produits dans un tribunal où des juges avaient été menacés et intimidés ».
Louis Joseph Olivier Source Le Nouvelliste