
Depuis l’expiration du mandat de Jocelerme Privert le 14 juin, la classe politique et la société sont divisées. Il y a ceux qui supportent le président provisoire et ceux qui ne reconnaissent plus son autorité à diriger. Dans ce contexte d’incertitude, la communauté internationale presse le Parlement à se prononcer sur le sort de M. Privert comme le veut l’accord du 5 février 2016. Kenneth Merten, coordonnateur spécial pour Haïti au Département d’Etat, a dit reconnaître Jocelerme Privert comme étant le président provisoire, mais…
« En ce moment précis, je le reconnaîtrais (Jocelerme Privert) comme étant le président par intérim d’Haïti, mais nous espérons que les autorités haïtiennes et le Parlement agiront bientôt pour clarifier cela », a déclaré jeudi Kenneth Merten, le coordonnateur spécial pour Haïti au Département d’Etat américain, lors d’une conférence téléphonique, selon l’AFP.
Sur le compte Twitter de la direction des affaires publiques du Département d’Etat américain, nous lisons : « Les hommes et les femmes d’Haïti méritent la chance d’exprimer leur volonté et d’élire un président sans délai. »
Le Secrétaire général de l’ONU, pour sa part, se dit profondément préoccupé par l’incertitude politique continue en Haïti. Ban Ki-moon note que cette situation s’ajoute aux nombreux défis politiques et socio-économiques auxquels Haïti fait face. « L’incertitude politique et les délais dans l’accomplissement du processus électoral ont le potentiel d’affecter négativement la stabilité dans le pays ainsi que le soutien de la communauté internationale envers Haïti », a-t-il dit à travers son porte-parole.
Ban Ki-moon « appelle l’Assemblée nationale à prendre une décision de manière urgente et à déterminer un arrangement viable pour la gouvernance provisoire qui assure l’achèvement des élections et le retour à l’ordre constitutionnel plein et entier sans plus attendre. Il invite toutes les parties prenantes à agir de façon responsable dans l’intérêt de leur pays et à s’abstenir de toute incitation ou participation à la violence ».
Dans la même veine, les membres du «Core Group» (les ambassadeurs du Brésil, du Canada, d’Espagne, de France, des États-Unis d’Amérique, de l’Union européenne, et le Représentant spécial de l’Organisation des États américains) demandent à l’Assemblée nationale d’agir et de parvenir à une solution qui évite un vide institutionnel et qui facilite le retour à l’ordre constitutionnel par la tenue d’élections sans délai. Ils demandent instamment à tous les acteurs, les partis politiques, les candidats et leurs partisans et à tout autre groupe de maintenir le calme et de refuser tout recours à la violence.
Face à l’incertitude qui régnait après la fin de son mandat de 120 jours, Jocelerme Privert a dû faire une adresse à la nation pour dire : « La situation est sous contrôle ! Je continue d’assumer les responsabilités qui me sont imparties par la Constitution jusqu’à ce que l’Assemblée nationale se prononce sur la situation qui prévaut actuellement… »
Des déclarations qui ne suffisent pas pour calmer les responsables du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) et alliés. Pour eux, le pays est dirigé actuellement par le Premier ministre Enex Jean-Charles qui a déjà servi au palais national l’ancien président Michel Martelly, fondateur du PHTK.
Pour le moment, rien ne laisse croire que les parlementaires (sénateurs et députés), divisés en fonction de leurs intérêts de chapelle, vont se réunir en Assemblée nationale pour rallonger ou remplacer Jocelerme Privert à la tête du pays.