Panama Papers : Andy René circonspect, Ralph Pereira explique

Published On May 3, 2016 | By Charité Thélot | Nouvelles

De nos jours, les journalistes qui s’adonnent uniquement à  la presse écrite se font de plus en plus rares. Je veux parler de ceux-là qui continuent de publier   leurs textes exclusivement dans le bon vieux journal papier qu’on place dans son porte-documents et qu’on lit ou relit par la suite  à tête reposée. Les grands journaux continuent d’exister, mais le reporter a  son  émission de radio, son  journal télévisé, son  blog, tweet et autre  page Facebook pour partager ses  idées et ses  opinions.

Chez nous, quand on dit  presse écrite au quotidien, le premier nom qui  vient à l’esprit c’est Le Nouvelliste. Il y avait autrefois le journal Le Matin qui faisait office de vice-doyen, mais il s’est éclipsé pour mieux renaître, peut-être, un jour comme le sphinx. Du moins, je l’espère. Je me permets aussi, en passant, de souhaiter succès, longévité et un bel avenir au jeune quotidien Le National  dont l’entrée sur la scène aux côtés du doyen a été très remarquée. 

Le Nouvelliste  qui fête en ce premier mai son 118e anniversaire s’est révélé au fil des décennies une véritable institution. Sans aucun doute, l’une des plus prestigieuses du pays. Elle a formé plusieurs générations de journalistes et a su s’adapter technologiquement  pour garder une fraîcheur qui lui assurera sans aucun doute sa parcelle  d’éternité. 

Je me rappelle, comme si c’était hier, ma première visite au  journal  qui venait de publier un  texte que je lui avais soumis, intitulé « Le métier de paysan  ». C’était dans les années 70. Je l’avais écrit  pour donner une réplique pro-paysanne à un influent  homme d’affaires, exportateur de café /spéculateur en denrées et qui était aussi un bon écrivain. Dans un article paru quelques jours auparavant dans Le Nouvelliste, cet homme d’affaires  avait défendu  la thèse  que « le paysan avait toujours la partie belle ». Le gouvernement venait de prendre une double mesure :

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l’abolition des  taxes de marché et la réduction de  celles sur le café afin de permettre au paysan producteur  de garder un peu plus de revenus, l’encourageant de ce fait  à produire davantage. Cette décision avait été prise sur la base  des  études réalisées par l’IICA, l’OEA et la USAID, qui avaient  démontré l’effet démobilisateur desdites taxes sur la production tant des denrées de base  que des denrées d’exportation. L’auteur de l’article dont je prenais le contre-pied  s’appelait  Ernest Bennett. Il estimait que l’État avait une tendance à prendre des mesures plus favorables au producteur qu’au consommateur. D’où sa conclusion que le paysan avait toujours la partie belle. Dans mon texte responsif, j’avais essayé de démontrer plutôt  timidement  que c’était tout à fait le contraire.

Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir, deux ou trois jours après la parution  de mon article, un mot du Nouvelliste  m’invitant à passer au journal pour quelques échanges  sur mon texte. A mon arrivée, ma surprise était encore plus grande de rencontrer M. Bennett, en compagnie de Lucien Montas, rédacteur en chef  et d’Aubelin Jolicoeur,  journaliste de longue date au Nouvelliste.

La  rencontre a donné lieu au  bureau de M. Montas à  des échanges passionnés et de haute  facture sur la situation de la paysannerie,  sur le mauvais traitement infligé aux communautés paysannes ,en contraste avec  leur contribution inégalée à la souveraineté alimentaire du pays et  au bien-être des consommateurs citadins. Des quatre participants à la rencontre, j’étais le moins vocal. Non parce que j’étais le plus jeune, mais parce que  j’étais en compagnie de gens beaucoup mieux informés que moi, qui décortiquaient  les deux articles avec des commentaires et des références plus que convaincantes. C’était à la fois didactique et pédagogique. Je m’étais senti honoré de me retrouver parmi eux. Je n’ai aucun doute que  d’autres jeunes  (avant moi et après moi) ont eu au Nouvelliste des expériences similaires qui ont marqué leur carrière.

Aujourd’hui, faute d’autres noms, nous continuons  d’appeler Le Nouvelliste le  doyen de la presse haïtienne. Mais si l’on tient compte, d’une part, de la place que le journal occupe au niveau de toutes les catégories de médias : presse  parlée, écrite, télévisée, la diversité  des technologies de l’information et de la communication qu’il maîtrise et, d’autre part, du rôle qu’a joué et continue de jouer ce doyen, le terme recteur apparaît à mon avis  plus approprié pour le définir. Je propose donc que  Le Nouvelliste soit désigné à partir de cet anniversaire recteur  de la presse haïtienne. Comme dans les universités. Chaque station de radio, de télé, chaque média peut être assimilé à une faculté  avec son propre doyen. Comme pour toutes les universités, il y a donc plusieurs doyens de la presse chez nous, mais il n’y a qu’un seul recteur qui s’appelle Le Nouvelliste. Honneur et Gloire au Recteur et à ses collaborateurs  en ce jour particulier de leur existence!

Roberson Alphonse Source Le Nouvelliste

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