A écouter le discours du président provisoire lors de son installation, on dirait qu’il va faire pendant la transition ce que Michel Martelly n’a pas pu faire en cinq ans. Dans sa première intervention au palais national le dimanche 14 février, Jocelerme Privert n’a mentionné nulle part qu’il avait 120 jours au maximum à passer au pouvoir. Mais qu’est-ce que l’ex-sénateur devenu chef d’Etat a comme feuille de route? Pour répondre à cette question, il suffit tout simplement de retourner dans l’accord de sortie de crise paraphé le 6 février 2016.
« À une entente nationale, à un dialogue national, nous sommes tous conviés », a discouru le nouveau chef d’Etat, détaillant, dans « cette nouvelle conjoncture particulière », les « trois axes d’action qui constituent le cadre de référence » de son programme. « Le rétablissement sinon le renforcement de la sécurité intérieure par la refondation des liens sociaux et le dialogue permanent ; le rétablissement de l’Etat de droit et la consolidation des institutions républicaines ; la poursuite du processus électoral », a annoncé M. Privert comme tâches qu’il croit avoir à accomplir.
« Mais nous ne pouvons ignorer notre situation financière et économique. Nos dysfonctionnements font système », a-t-il indiqué. « Avec toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens, je travaillerai au dénouement de cette crise. Je m’attellerai encore plus à renforcer nos liens sociaux à renforcer la citoyenneté et l’État. Le temps pour ce faire est court, les faits têtus. Notre volonté cependant est inébranlable », a expliqué Jocelerme Privert.
Cependant, dans l’accord de sortie de crise qu’il a signé, il est clairement dit que le mandat du président provisoire est de 120 jours maximum à partir de la date de son installation. « Le cas échéant, l’Assemblée nationale prendra les dispositions qui s’imposent », a précisé le document.
En outre, toujours selon l’accord, le président provisoire de la République doit entrer en consultation avec les principaux partis politiques au Parlement, des groupes politiques non représentés au Parlement et les acteurs de la société civile afin de recueillir des propositions de noms de personnalités ayant les compétences et les qualités pour exercer la fonction de Premier ministre. Jocelerme Privert doit également entrer en consultation avec les présidents des deux chambres du Parlement autour du choix d’un Premier ministre à désigner.
Pendant ces 120 jours, il y a aussi le Conseil électoral provisoire à redynamiser. Ce qui signifie, selon l’accord, une convention, à l’initiative du président provisoire des secteurs ayant délégué des représentants au précédent Conseil électoral provisoire, aux fins de confirmer ou de désigner de nouveaux membres en vue de la reprise des activités au CEP, « dans un délai n’excédant pas 72 heures. »
Jocelerme Privert doit aussi prendre un arrêté présidentiel pour nommer les nouveaux membres du CEP.
Vient ensuite la relance par le CEP du processus électoral après l’évaluation des étapes déjà franchies, la mise en application des recommandations techniques de la Commission indépendante d’évaluation électorale et la finalisation et proclamation des résultats des élections municipales.
Après quoi, toujours selon l’accord de sortie de crise, l’organisation du deuxième tour de l’élection présidentielle, des élections législatives partielles et des élections locales se fera le 24 avril 2016. Enfin, la proclamation des résultats définitifs le 6 mai 2016 et l’installation du président élu de la République le 14 mai 2016.
Voilà la véritable mission, la feuille de route de Jocelerme Privert, nouveau président provisoire de la République…
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