Avant d’obtenir les résultats dans tous les départements, dans toutes les communes, certains candidats à la présidence qui, pour la plupart, sont des chefs de partis politiques, crient déjà victoire, tandis que d’autres annoncent qu’ils vont recourir à la mobilisation. Comment des candidats à la présidence peuvent-ils recueillir déjà des procès-verbaux de tous les bureaux de vote où ils ont gagné si l’on doit tenir compte de l’inaccessibilité des moyens de communication dans les zones les plus reculées du pays ? Il est de coutume en Haïti qu’après la publication des résultats d’une élection, tous les perdants s’unissent pour combattre celui qui a gagné. Cette année, les traditionnels chefs de parti n’ont pas attendu le traitement des procès-verbaux par le Centre de tabulation pour contester les résultats avant leur publication par l’institution électorale. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur le Conseil électoral provisoire, il faut admettre que les élections du 25 octobre ont été bien organisées. L’invasion des mandataires dans les bureaux de vote, qui constitue le nœud gordien de cette journée électorale, ne peut en aucun cas être attribuée ni à la négligence ni à la mauvaise planification de l’institution électorale. Avec 54 candidats à la présidence, le CEP ne pouvait pas imaginer la ruse de la plupart des partis politiques dans le trafic des mandats. Depuis le départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, c’est la première fois que des élections sont organisées dans le pays avec autant de calme, de sérénité que de planification. Après avoir obtenu le succès de la journée du 25 octobre, l’institution électorale doit tout mettre en œuvre pour que le traitement des procès-verbaux dans le Centre de tabulation ne tourne pas au vinaigre comme ce fut le cas en 2011. Depuis lundi, tous les regards sont dirigés vers cette structure qui a la responsabilité de traiter les procès-verbaux et d’acheminer les résultats au Conseil électoral provisoire. A la suite de la publication des résultats par le CEP, les candidats mécontents et qui disposent de procès-verbaux pourront saisir le bureau du Contentieux électoral départemental (BCED) pour faire valoir leur droit. C’est à ce niveau qu’on établira la véracité des contestations de toutes sortes qui seront soulevées. L’image positive de la journée du 25 octobre n’a pas été l’œuvre des partis politiques. Il s’agit d’un processus collectif des autorités gouvernementales, du Conseil électoral provisoire et de la population. Les critiques de la presse, des organisations des droits de l’homme et de la société en général par rapport à l’échec du scrutin du 9 août ont contribué à rendre possible le succès de la journée du 25 octobre. Seule l’impartialité de l’institution électorale dans la poursuite du processus peut mettre les candidats lucides en confiance pour ne pas salir l’image du 25 octobre. Et si les partis politiques décidaient de faire taire leurs intérêts mesquins au profit de l’intérêt du pays à l’occasion de la publication de résultats qui reflètent le verdict des urnes ?