Le rapprochement entre Cuba et les États-Unis soulève l’enthousiasme dans divers milieux où des commentaires empreints d’interrogations vont bon train.
Des responsables d’organisations paysannes aux leaders politiques en passant par des chercheurs et professeurs d’université, on s’accorde à reconnaître qu’une nouvelle ère s’ouvre dans la Caraïbe après plus de 50 ans d’embargos des Etats-Unis contre Cuba, suivant les propos recueillis par AlterPresse. Certains se demandent néanmoins si la fin de l’expérience communiste cubaine ne serait pas proche.
La rencontre pendant plus d’une heure entre les deux présidents, américain Barack Obama et cubain Raúl Castro, le week-end écoulé au Sommet des Amériques à Panama, après des décennies de rupture, suscite de nombreuses expectatives.
Le coordonnateur du Mouvement paysan de Papaye (Mpp), Chavannes Jean Baptiste, souligne la portée historique de cette rencontre. Ce n’est qu’un début, estime-t-il, car le Senat dominé par les Républicains conservateurs ne facilitera pas les choses.
Maintenant quelles seront les marges de manœuvres du président Obama pour rétablir véritablement les relations diplomatiques avec Cuba, s’interroge Chavannes Jean-Baptiste.
Il pense tout de même que des opportunités s’offriront pour l’amélioration de la situation du peuple Cubain, qui a souffert pendant 50 ans de l’embargo américain.
« C’est la renaissance de la Caraïbe, car dans les années 80, il y avait une initiative du bassin des Caraïbes pour, entre autres, isoler Cuba, le Nicaragua, et la Grenade », rappelle Hancy Pierre, professeur à la Faculté des Sciences Humaines.
Avec ce retour, il exprime l’espoir de meilleurs accords énergétiques régionaux en mettant à contribution non seulement les réserves pétrolières vénézueliennes, mais aussi mexicaines. Une telle éventualité bénéficierait beaucoup à Haïti, estime-t-il.
Abondant dans le même sens, l’historien Georges Michel, relève aussi plusieurs aspects positifs de cette ouverture, mais pose des questions par rapport aux transformations qui pourraient se produire du point de vue politique à Cuba.
« L’ouverture du régime Cubain, c’est comme un baiser de la mort du président Obama. C’est ce qu’on appelle le commencement de la fin », soutient-il, affirmant que Cuba aurait à adopter les normes de la démocratie occidentale, le suffrage universel.
Pour lui, « c’est une question de temps, pour parvenir au renversement du régime cubain ». Le professeur Sauveur Pierre Etienne, coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), signale pour sa part que le problème des États-Unis est d’ « isoler et affaiblir la Russie » qui ne devrait plus être présente dans la Caraïbe.
En ce qui concerne Cuba, « un essor économique incroyable » pourrait se produire dans ce pays, car les capitalistes américains iraient investir en masse dans l’île.
Dans ce nouveau contexte, selon Étienne, Haïti aurait un vrai défi à relever aux prochaines élections en faisant « de bons choix » pour ne pas demeurer « un pays paria ».