Nous publions ci-dessous la retranscription intégrale de l’allocution du président haïtien, Jovenel Moise à la tribune de l’ONU, durant la 73ème Session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies
Jeudi 26 septembre 2018 ((rezonodwes.com))–Qu’il me soit permis, tout d’abord, de saluer, Madame la Présidente, votre élection à la tête de l’Assemblée générale de l’ONU. Les grandes qualités et le talent qu’on est unanime à vous reconnaître sont assurément un gage de succès des travaux de cette 73ème session ordinaire. Je voudrais saluer la présence du Secrétaire général, ainsi que son action courageuse visant à accroître l’efficacité du système des Nations Unies dans la recherche collective du « bien commun de l’humanité », pour reprendre l’expression du Pape François.
Madame la Présidente,
Au fil des années, l’Assemblée générale des Nations Unies se voit confrontée à une double interrogation sous-jacente aux principaux thèmes de l’ordre du jour :
1) Comment optimiser les mécanismes du maintien de la paix et de la sécurité internationales ?
2) Et comment traduire l’exigence de solidarité internationale en un système de coopération beaucoup plus efficace, capable de promouvoir le développement durable et d’éradiquer la pauvreté dans le monde ?
5. Les Nations Unies ont fort justement mis en lumière les liens étroits entre l’éradication de la pauvreté, la promotion du développement durable, la paix et la sécurité. De la même façon, la lutte contre la pauvreté et la promotion des droits de l’homme sont inextricablement liées. L’extrême pauvreté est une négation de la dignité humaine. Elle doit, par conséquent, figurer au cœur de l’action des Nations Unies ainsi, des centaines de millions d’hommes et de femmes auront l’espoir de voir un jour l’éradication de la pauvreté.
Dans le même ordre d’idées, l’intensification de la lutte contre le réchauffement climatique, qui constitue l’une des menaces les plus pressantes pour l’humanité, se doit de figurer parmi les grandes urgences de la communauté internationale. L’Accord de Paris sur le climat de 2016 a été, à cet égard, un jalon important. Et, il convient que tout soit mis en œuvre pour que les obligations internationales et les engagements qui en découlent soient respectés. On le sait bien, les régimes d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques, ainsi que les mesures de précaution tendant à atténuer les dégâts, sont extrêmement coûteux.
La mitigation des risques naturels, une des composantes d’une stratégie de développement durable, en tant qu’investissement fait aujourd’hui en prévision de phénomènes qui auront lieu demain,s’avère indispensable. Or,à ce jour,les moyens financiers sont nettement insuffisants pour permettre une réponse appropriée, en phase avec l’ampleur des défis posés.
La mobilisation de nouvelles ressources pour le redressement climatique, revêt donc un caractère de priorité absolue. Force est de constater que les pays les plus vulnérables, notamment les petits pays insulaires, surtout de la Caraïbe, dont la République d’Haïti, émettent peu de gaz à effets de serre, alors qu’ils subissent la majeure partie des dégâts causés par des ouragans devenus plus fréquents et plus violents.
Les promesses faites au cours du sommet One Planet de l’année dernière à Paris pour permettre à ces pays d’adapter leur environnement et de mitiger les effets des affres du changement climatique devront se matérialiser.
Madame la Présidente,
Qu’il me soit permis de jeter un éclairage sur la situation en Haïti un an après la clôture de la Mission de stabilisation des Nations Unies (MINUSTAH), à laquelle a succédé la Mission d’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH). Depuis mon accession à la présidence de la République d’Haïti, je n’ai eu de cesse d’œuvrer à la consolidation de l’Etat de droit, l’approfondissement des conquêtes démocratiques et la promotion des droits de l’homme, pleinement convaincu de l’absolue nécessité de moderniser la structure économique, sociale et politique pour sortir le pays du piège du sous-développement. Je ne ménage aucun effort pour assurer la stabilité des institutions et créer un environnement sûr et stable, propice à l’investissement et au redémarrage de la croissance. Dans un contexte de raréfaction des moyens et de la forte pression des besoins, la Caravane du changement est, à cet égard, une stratégie novatrice visant à mettre toutes les ressources de l’Etat au service du peuple.
Nombreux sont les résultats tangibles obtenus au cours des dix-huit derniers mois dans la modernisation sociale, politique et économique engagée par le Gouvernement. Qu’il me suffise, à cet égard, de citer le dernier rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur Haïti, qui met en lumière les « progrès importants » enregistrés au plan de la stabilité politique et institutionnelle, de la protection des droits de l’homme, du renforcement du système judiciaire et de l’amélioration de l’environnement de sécurité.
Cependant en dépit de ces avancées, force est donc de reconnaître que l’atonie de la croissance économique continue de peser lourdement sur la stratégie nationale de développement et de pérennisation de la paix. Le pays est en effet confronté à des défis interreliés et de grande ampleur. A cela s’ajoutent la pression démographique, l’urbanisation galopante, la dégradation de l’environnement, l’extrême vulnérabilité aux catastrophes naturelles – le tremblement de terre de 2010, on se le rappelle, a causé des dommages estimés à 120 % du PIB. A cela l’on doit ajouter les effets du cyclone Matthieu, qui a causé des dégâts équivalents à 32% du PIB. Cette vulnérabilité structurelle et environnementale n’est pas sans conséquences.
En juillet dernier, suite à l’application de la loi sur l’ajustement des prix de l’essence conclut avec le Fonds monétaire international , le pays a vécu la fâcheuse et douloureuse expérience d’un soulèvement populaire en réaction aux exigences du Staff Monitored Programme conclut avec le Fonds monétaire international. En effet, Haïti, qui ne produit pas de pétrole est confronté à la douloureuse exigence de continuer à financer les subventions gouvernementales du prix des produits pétroliers.