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On l’attendait sur ce front social, devenu tumultueux avec l’interruption des discussions entre syndicats et patrons et la dislocation larvée du Conseil supérieur des salaires (CSS), le président de la République ne s’en est pas moqué. Loin de là. Sur le vif, fraîchement revenu d’un voyage Équateur et au Mexique, Jovenel Moïse estime que – pour trouver un dénouement à la « crise » née de l’exigence des ouvriers d’un ajustement du salaire minimum à 800 gourdes –, seul le « dialogue peut résoudre le problème ».
« Il nous faut dialoguer ensemble », a insisté le président de la République, drapé dans une prudence à ne pas vouloir s’immiscer dans les débats. Pour preuve, il a soutenu que c’est le CSS, institution mixte – comme il le rappelle –, qui « doit résoudre le problème ». Jovenel Moïse, accompagné des deux présidents des deux branches du Parlement, croit que, sur la base d’un rapport idoine obtenu des mains de son très effacé Premier ministre, les institutions qui « doivent confirmer leurs membres dans le CSS vont le faire incessamment ».
Alors que les ouvriers persistent et signent sur la nécessité d’un ajustement salarial, dans un contexte marqué, entre autres, par la montée des prix des produits pétroliers et des produits de première nécessité, le locataire du Palais national, du moins ce qu’il en reste, est apparu très optimiste ce jeudi. « J’aimerais que, dans un temps extrêmement court, le CSS se prononce sur la question du salaire minimum », a souhaité Jovenel Moïse. Se sachant épié au laser sur cette question sociale, sur l’attitude qu’il va adopter, il rejoue la carte de la prudence : « Nous ne sommes pas là pour dire si le patronat ou les syndicats ont raison, mais nous sommes là pour encourager le dialogue ».
Dans le même tempo, le chef de l’État, comme pour adroitement ramollir le courroux des ouvriers, qui gagnent pour le moment moins de six dollars américains par jour, a indiqué que son administration s’apprêtait à subventionner à 50% la vente de nourriture dans les parcs. « Il faut que les gens qui travaillent le fassent dans de bonnes conditions, dans la dignité », a-t-il plaidé. Il a évoqué d’autres projets, sans détail, sur le transport et le logement, lui qui croit revenir de l’Équateur avec « ses convictions renforcées », un pays qui a fait des bonds en avant dans bien des secteurs ces dernières années alors que l’avenir du nôtre se trouve grippé, sans relâche, par l’incurie gouvernementale.
Le président Jovenel Moïse, qui a participé à l’investiture du nouveau président équatorien Lenin Moreno mardi, en a profité pour rencontrer le vice-président cubain Miguel Díaz-Canel. La problématique du climat a été au centre des pourparlers. « Nous avons la garantie que Cuba va nous envoyer six experts pour accompagner nos ingénieurs et nos agronomes dans la perspective d’œuvrer à la maîtrise de l’eau », a-t-il dit, soulignant que des études vont être entreprises sur les rivières les plus dangereuses dans les grandes villes, histoire d’aboutir à la construction de réservoirs d’eau.
Le même jour, le chef de l’État s’est rendu au Mexique pour participer à un sommet sur les changements climatiques. Dans une rencontre bilatérale avec son homologue mexicain Enrique Peña Nieto, plusieurs points ont été abordés. Jovenel Moïse a expliqué que le Mexique est en passe de faciliter 4 000 Haïtiens à disposer de papiers, qui les habiliteront à trouver du travail. « Nous travaillons, de notre côté, avec le ministère de l’Intérieur, à aider nos compatriotes privés de padsseport à se procurer ce document importantavoir des passeports pour ceux qui n’en ont pas », a-t-il déclaré, sans perdre de vue les 300 bourses d’études que le Mexique accorde à Haïti annuellement. La revitalisation de la coopération entre les secteurs privés des deux pays a été, entre autres, au menu des discussions entre les deux chefs d’État.
Juno Jean Baptiste source Le Nouvelliste