Après le congé pris au Sénat de la République, le président du grand Corps, Youri Latortue, se dit prêt à reprendre les séances au bord de mer. Des séances qui permettront aux pères conscrits de se pencher sur certains textes de loi mais surtout sur des points brûlants de l’actualité comme l’augmentation des prix des produits pétroliers, la grève des enseignants des écoles publiques et les derniers mouvements de protestation des ouvriers du secteur de la sous-traitance exigeant un salaire de 800 gourdes et de meilleures conditions de travail.
Au bicentenaire, la grogne de certains parlementaires était visible depuis la décision du gouvernement d’augmenter les prix des produits pétroliers sur le marché haïtien. Une grogne qui jusque-là ne se traduisait que par des conférences de presse ou des invitations pour la plupart boudées par les ministres concernés puisque le Parlement donnait l’image d’un lion édenté par la vacance de la Chambre des députés et le congé de 2 semaines du Sénat. Profitant de ce tampon qui, pour le gouvernement, vient comme marée en carême, ce dernier n’a pas hésité à augmenter le prix à la pompe sous les regards passifs des parlementaires qui ne pouvaient pas se réunir pour prendre une position de corps.
Désormais ce temps est révolu puisque le président du Sénat Youri Latortue annonce ce jeudi 25 mai 2017 que le grand Corps revient de son “ajournement” et s’apprête à se pencher sur des lois comme: celle portant sur les bonne vie et mœurs et celle traitant du crédit étudiant. Cependant, le président du Sénat rappelle que si l’assemblée se met d’accord pour y introduire d’autres points tels que : les conditions enseignantes, l’augmentation du prix du carburant et la question du salaire des ouvriers du textile, des ajouts seront faits dans l’ordre du jour afin de permettre aux sénateurs d’en discuter.
Ce moment était très attendu par certains parlementaires comme le sénateur de l’Ouest Antonio Cheramy qui, à maintes reprises, a appelé ses collègues à se réunir pour adopter une résolution contre l’augmentation du prix du carburant sur le marché national ou pour contraindre l’exécutif à se prononcer sur les mouvements de protestation des ouvriers.
En effet, ce sénateur de l’opposition, également président de la commission des Affaires sociales du Sénat, a, au cours de la période de congé du Sénat, essuyé un échec en tentant d’inviter le ministre des Affaires sociales à venir expliquer à la commission les décisions qu’il compte prendre pour faire régner l’ordre dans le textile.
Aujourd’hui, après la bouderie du ministre des Affaires sociales, le sénateur de l’Ouest commence déjà à recevoir des soutiens les uns plus inattendus que les autres, comme celui du sénateur du Nord-Est Jacques Sauveur Jean. Ce sénateur du PHTK se dit prêt à rejoindre le sénateur Antonio Cheramy dans sa velléité d’interpeller le ministre des Affaires sociales dans les jours à venir. L’élu du PHTK se veut «plus proche de la population qui patauge dans la misère que des politiciens».
Le sénateur des Nippes Francenet Dénius, du groupe centriste du Sénat, se prépare lui aussi à emboiter le pas au président de la commission des Affaires sociales. «S’il ne répond pas à une invitation sans avancer aucune raison bien fondée, c’est la rébellion et face à la rébellion d’un ministre nous n’avons pas d’autre choix que d’interpeller et renvoyer ce ministre », souligne Francenet Dénius.
Toute cette mobilisation au niveau du Sénat ne vise qu’à porter l’exécutif à revenir sur sa décision d’augmenter le prix du carburant qui aura des incidences sur tous les autres secteurs d’activité du pays. Les derniers mouvements de protestation des ouvriers du textile sont une bonne illustration pour les tenants de cette thèse.
Sur ce point, Youri Latortue, sous son chapeau de sénateur de l’Artibonite, se dit en faveur de «l’application de la loi» et sur la question de l’augmentation du prix à la pompe et sur la nécessité d’augmenter le salaire minimum des ouvriers. «Il faut l’application de la loi de 1995 sur le carburant et que la question du salaire minimum soit résolu par la loi du sénateur Steeven Benoit qui parle du Conseil supérieur des salaires», soutient Youri Latortue, rappelant aux sénateurs qu’une loi est bien plus forte que la résolution qu’ils appellent à adopter.